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La Jalousie de M. le Duc

La jalousie de M. le Duc1
Avare, fourbe, important, traître,
Mauvais ministre, méchant maître,
De concussion convaincu,
Condé, voilà ce que vous êtes,
Et vouloir passer pour cocu,
C’est rendre l’image complète.

Bourbon, dis-nous, est-ce être sage
De faire enfin tant de tapage
Et vouloir braver le destin ?
Nos petits-fils dans un autre âge
Croiront-ils qu’un fils de p…
Ait eu tant d’honneur en partage.

Que ton épouse soit volage,
Et qu’elle ait cessé d’être sage,
Ce qu’on croit difficilement,
Voyez un peu la grande affaire,
Que de se choisir un amant,
Et te rendre égal à ton père.

 

La jalousie de M. le Duc2

1.Avare, fourbe, important, traître,

2.Mauvais ministre, méchant maître,

3.De concussion convaincu,

4.Condé, voilà ce que vous êtes,

5.Et vouloir passer pour cocu,

6.C’est rendre l’image complète.

7.Bourbon, dis‑nous, est‑ce être sage

8.De faire enfin tant de tapage

9.Et vouloir braver le destin ?

10.Nos petits‑fils dans un autre âge

11.Croiront‑ils qu’un fils de p…

12.Ait eu tant d’honneur en partage.

13.Que ton épouse soit volage,

14.Et qu’elle ait cessé d’être sage,

15.Ce qu’on croit difficilement,

16.Voyez un peu la grande affaire,

17.Que de se choisir un amant,

18.Et te rendre égal à ton père.

  • 1 M. Ie Duc, peu avant sa mort, fit du bruit, soupçon­nant Mme la Duchesse d’intrigue avec M. le marquis de Bissy, de qui il avait saisi des lettres de galanterie. (M). « Il est revenu à M. le Duc que madame sa femme avait quelques particularités avec M. le marquis de Bissy, com­missaire général de la cavalerie, jeune homme bien fait ; qu’elle lui avait donné son portrait, et qu’il y avait eu des lettres respectives ; ce qui a d’autant plus surpris notre seigneur Duc, que madame la jeune Duchesse était très réservée, toujours avec des dames, et n’ayant aucune li­berté de voir des hommes. Il a fait grand bruit, il a pris à partie toutes les dames qui sont attachées à la princesse. On dit même qu’il a traité très durement Mme la duchesse sa mère, jusqu’à lui reprocher qu’elle avait été la m… de ses filles et qu’elle voulait l’être de sa femme. Mais Mme la duchesse, qui a beaucoup d’esprit, l’a traité à son tour comme un fou, non seulement d’avoir un pareil soupçon sur sa femme, mais même de faire un aussi grand fracas pour une chose aussi légère qu’une simple galanterie. On dit qu’il voulait renvoyer la princesse dans son pays. » (Journal de Barbier). (R)
  • 2 - M. Ie Duc, peu avant sa mort, fit du bruit, soupçon­nant Mme la Duchesse d’intrigue avec M. le marquis de Bissy, de qui il avait saisi des lettres de galanterie. (M). « Il est revenu à M. le Duc que madame sa femme avait quelques particularités avec M. le marquis de Bissy, com­missaire général de la cavalerie, jeune homme bien fait ; qu’elle lui avait donné son portrait, et qu’il y avait eu des lettres respectives ; ce qui a d’autant plus surpris notre seigneur Duc, que madame la jeune Duchesse était très réservée, toujours avec des dames, et n’ayant aucune li­berté de voir des hommes. Il a fait grand bruit, il a pris à partie toutes les dames qui sont attachées à la princesse. On dit même qu’il a traité très durement Mme la duchesse sa mère, jusqu’à lui reprocher qu’elle avait été la m… de ses filles et qu’elle voulait l’être de sa femme. Mais Mme la duchesse, qui a beaucoup d’esprit, l’a traité à son tour comme un fou, non seulement d’avoir un pareil soupçon sur sa femme, mais même de faire un aussi grand fracas pour une chose aussi légère qu’une simple galanterie. On dit qu’il voulait renvoyer la princesse dans son pays. » (Journal de Barbier.) (R)

Numéro
$0896


Année
1739




Références

Raunié, VI,251-52 - F.Fr.12675, p.362-63 -F.Fr.15137, p.394-95 - Arsenal 2934, p.421-423 - BHVP, MS 658, p.275