Reproches à l’Académie
Reproches à l’Académie
Réveillez-vous, belle endormie,
Réveillez-vous à nos chansons ;
N’êtes-vous donc Académie
Que pour partager des jetons ?
Le Roi va combattre, on l’adore,
Il renaît vainqueur du trépas,
La belle, et vous dormez encore,
C’est que ça ne vous touche pas.
De toute part il pleut des odes.
Tous riment, grimauds, avocats ;
Mais il ne sort de vos pagodes
Qu’un seul miaulement de chats1
.
Vous avez, l’affiche est notoire,
Chanté Te Deum à grands chœurs ;
Si c’est assez pour votre gloire
Elle est commune aux vidangeurs.
Fumeur2
, quitte ton brûle-gueule ;
Pour le Roi vite, un vers ou deux ;
Ou si Clio fait la bégueule,
Déterre-nous quelque chartreux3
.
- 1Allusion à Moncrif, auteur d’une chanson sur la convalescence du roi. (M.) (R)
- 2Sans doute Crébillon. (R)
- 3Dom Noël d’Argonne, chartreux, a fait beaucoup de vers sur Louis XIV, sous le nom de Vigneul de Marville. (M.) (R) - On prétend que les tragédies de Crébillon sont de la façon d’un chartreux mort à Utrecht il y a trois ans. (Mazarine Castries)
Raunié, VII,32-33 -Clairambault, F.Fr.12712, p.223 - Maurepas, F.Fr.12647, p.401-02 - F.Fr.10477, f°165 - F.Fr.13658, p.79 - BHVP, MS 550, f°51v - Mazarine Castries 3989, p.42-43