Je suis docteur en dépit de l’envie1 ,

Docteur de par le Roi2 ,

De par le Roi je tue et j’estropie.

Je sais faire la loi

En médecine ainsi qu’en chirurgie

     Je suis amphibie,

               Moi,

     Je suis amphibie.

Au vent d’abord n’ai-je pas flamberge

Contre la faculté ?

Le Parlement d’un petit coup de verge

M’a tant soit peu maté.

Pour un moment son arrêt me submerge,

     Mais je m’en goberge,

               Moi,

     Je m’en goberge.

J’ai Maurepas et l’abbé Desfontaines

Pour fidèles amis.

Toute la cour et la ville sont pleines

De ceux que j’ai guéris.

E suis dévot et ne crois Dieu ni Diable.

     Je suis redoutable,

               Moi,

     Je suis redoutable.

Je saurai faire, et de vous et des vôtres

Avorter les desseins.

Nous en avons fait avorter bien d’autres.

Croit-on que je vous crains,

Petits docteurs de casse et de rhubarbe ?

     Moi je fais la barbe

               Au Roi,

     Moi, je fais la barbe.

• 1On sait que les chirugiens de Paris protégés par M de la Peyronie leur chef qui a tout crédit à la Cour, ont perdu le procès qu’ils avaient intenté aux médecins pour se soustraire à la dépendance où ils ont toujours été à leur égard. M. de la Peyronie qui ne s’avoue pas bien battu, a de nouveau présenté une requête au Roi pour se relever du tort qu’il prétend que le Parlement a fait à ses confrères par un arrêt qui les remet dans le devoir. C’est une nouvelle requête présentée à Sa Majesté qui a fait naître les couplets ci-après. On sait aussi que M. de la Peyronie s’est fait recevoir médecin depuis un an à Reims. On croit ces quatre couplets de la façon du médecin Procope. Il en est bien capable assurément.
• 2Sur M. de la Peyronie, premier chirurgien du Roi.