Chanson
Chanson
Puisque tant d’honnêtes gens
Viennent perdre ici leur temps,
À ce saint de contrebande,
Faisons-lui donc notre offrande :
Chions, chions, camarades, chions.
Morbleu ne différons pas,
Mettons vite chausse à bas.
Sur le tombeau du bonhomme
Vengeons le pape de Rome :
Chions, etc.
Que le jarret bien tendu
Chacun d’un air résolu
Fasse à Paris la demande
Pour que Bécheran se pende :
Chions, etc.
Si ces benêts d’appelants
Viennent faire les fendants,
Avec de la merde seule
Nous leur taperons la gueule :
Chions, etc.
Le Don Quichotte Folard
Y doit avoir bonne part ;
À ses méchantes oreilles
La merde fera merveille :
Chions, etc.
Vite, vite, qu’un courrier
En porte au vieux Montpellier ;
Il en fera maint potage
Dans le goût de ses ouvrages :
Chions, etc.
D’Auxerre le président
En mérite bien autant ;
Pour la bile qui le brûle
Faisons-en une pillule :
Chions, etc.
Les curés toujours grondeurs
Et de la Bulle frondeurs,
Ignorants sur la doctrine,
Bons juges sur la plus fine :
Chions, etc.
Que les cinquante avocats
Consultent sur tous les cas ;
Ils le peuvent et savent faire ;
Mais voici leur honoraire :
Chions, etc.
Pour les femmes du parti
Faisons de la merde aussi,
Et pour les mieux mettre en vogue
Fardons-les de cette drogue :
Chions, etc.
Amis, dressons un autel
Aux mânes du grand Quesnel ;
L’Oratoire le désire
Voici l’encens et la cire :
Chions, etc.
Du Clovis de Lymougeon
Il en faut faire un torchon ;
Le protecteur de la Cadière,
Frottons-le de cette matière :
Chions, etc.
On sait que pour Nicolas
L’ordure a beaucoup d’appas
Et qu’il apprit la cuisine
Dans le goût de Catherine :
Chions, etc.
Au moine dominicain
Qui fait à sa soeur la main,
Il lui faut pour son étrenne
Un étron de bonne graine :
Chions, etc.
L’arrêt du père Girard
Déshonore Saint-Médard
Et les juges de Provence ;
Chions dessus leur sentence :
Chions, etc.
Chaudon en doit bien avoir,
Au moins un plein réservoir.
C’est un grand diseur d’ordures ;
Préparons-lui des pâtures :
Chions, etc.
Chions-en un des plus frais
Pour dédommager de Trez
Car sa pension ravie
Mérite bien que l’on chie :
Chions, etc.
Le juge Maliverny
En mérite bien aussi :
Çà, d’une merde moelleuse
Remplissons sa tête creuse :
Chions, etc.
Dépêchez, maître Fournier
Ouvrez votre grand gosier
Et recevez de la plus fine
Pour embaumer la doctrine :
Chions, etc.
Quoi ! laisserons-nous partir
Le grand Bandol sans garnir
Son caisson et sa valise
D’un étron à notre guise :
Chions, etc.
Finissons notre chanson
Par un bon et gros étron
Et faisons mainte réplique
À quiconque nous explique : [sic]
Chions, etc.
Le faiseur de la chanson
Mériterait qu’un étron
Lui couvrît toute la tête
Pour nous conter des sornettes :
Chions, etc.
Turin, p.364-67