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Épître au duc d’Orléans

Épître au duc d’Orléans1
Monseigneur d’Orléans,
Vos prétendus enfants
Sont l’objet du mépris
De tout Paris.
Votre fille est une catin2 ,
Votre fils un lâche, un vilain :
L’une fait son mari cocu ;
L’autre à Ouessant tourne le c…
Et s’en vient, comme un fichu menteur,
Dire qu’il est vainqueur.
Depuis que de vos bienfaits
Il tient tous ses palais,
Il les met sens dessus dessous.
Pour ôter à ses voisins
L’aspect de ses jardins.
Il a fait élever devant eux
Un nouveau cloître de Chartreux ;
Le Prospectus de son emprunt
N’a pas l’ombre du sens commun3 ;
Ce n’est qu’en mourant vite et tôt
Qu’on y peut espérer un lot,
Car il veut que son bâtiment,
En lui rendant beaucoup d’argent,
Lui rapporte au moins la valeur
De ce qu’il a perdu d’honneur.
Convenez que Monsieur de Melfort,
Qui vous fit père, eut fort grand tort.

  • 15 août. On ne cesse de se déchaîner contre M. le duc de Chartres, et ses ennemis distribuent encore une chanson des plus atroces et des plus calomnieuses, qu’on chante jusque dans le Palais-Royal. Elle est sur l’air de la marche du roi de Prusse. On apostrophe son père. (Mémoires secrets, 5 août)
  • 2Louise‑Marie‑Thérèse‑Bathilde d’Orléans, fille de Louis‑Philippe d’Orléans, petit‑fils du Régent et de Louise-Henriette de Bourbon‑Conti, avait épousé en 1770 Louis de Bourbon, prince de Condé, plus jeune qu’elle de six années. Le duc, qui s’était montré d’abord passionné pour sa femme, ne tarda pas à la négliger ; elle fut alors courtisée par le comte d’Artois, qui la délaissa pour Mme de Canillac, sa dame d’honneur Aussi la duchesse lui fit‑elle une scène en plein bal de l’Opéra, scène qui aboutit à un duel entre le comte et le duc de Bourbon. A la fin de l’année 1780, elle se sépara de son mari et vécut seule au Palais‑Royal. (R)
  • 3Le duc de Chartres, à l’instigation de l’abbé Beaudeau, qu’il avait pris pour chancelier, venait de publier au mois d’avril un prospectus d’emprunt « indéfini, au dire des Mémoires secrets, extrêmement compliqué et qui exigeait une longue méditation avant d’être compris ». Le titre était ainsi conçu : Actions survivancières instituées avec l’agrément du Roi par Leurs Altesses Sérénissimes Mgr le Duc et Mme la Duchesse de Chartres, en faveur des officiers, employés, rentiers viagers, grevés de substitutions, etc., qui désireraient assurer, après leur décès, un capital disponible, pour servir de gage à leurs créanciers, de legs à leurs parents, amis ou domestiques, et, en cas de mariage, de douaire à leurs femmes et de patrimoine à leurs enfants. Cet emprunt était tout simplement, comme on le voit, une création d’assurances sur la vie. (R

Numéro
$1531


Année
1783




Références

Raunié, X,102-03 - BHVP, MS 707, f°14r - Mémoires secrets, XXIII, 88