Apologie du maréchal de Broglie1
Bien loin de trouver ridicule
Broglie quittant le camp qui brûle,
Et servant de guide à propos
A sa famille consternée,
Que n’en faisons-nous un héros ?
Il marche sur les pas d’Énée.

Tandis que l’ennemi nous pille,
Broglie et sa petite famille
Se sauvent. Ne fait-il pas bien ?
Moi, je le trouve fort habile.
Singe d’un bon prince troyen,
Il ne lui manque qu’un Virgile.

Guerriers, qui portez la cuirasse,
De Broglie respectez l’audace,
Vous n’en savez pas tant que lui,
Et c’est à tort que l’on se hausse ;
Qui de vous s’offre à l’ennemi
En chemise et sans haut-de-chausse ?

Riquet, Broglie doit vous apprendre
A ne vous pas laisser surprendre
Entre deux draps, comme on l’a dit.
Quand on vit l’ennemi paraître
Broglie était déjà hors du lit,
Il regardait par la fenêtre.

Broglie à la tête de Champagne
Se montrait nu dans la campagne,
Lafleur lui dit : Mon général,
Vous n’avez pas besoin de botte ;
Car vous n’avez plus de cheval,
Mais, pour Dieu ! mettez des culottes.

Au dire de la renommée2

De nos deux généraux d'armée

Noailles est fol, dAsfeld est sot.

Pour moi, je prétends et j'avance

qu'ils ont tous deux changé de lot

et que d'Asfeld est en démence.

Pour le projet de conséquene

qui nous fait partir de Mayence,

Choisir Noailles n'est-ce pas

Au fond une grande folie?

Au fol qui revient sur ses pas

N'est-ce pas folie inouïe?

• 1Autre titre: Surprise de Guastalla (Arsenal 3136)
• 2Clairambault ouvre la pièce par ces deux couplets, retranchés des autres occurrences pour s'en tenir au maréchal de Broglie.