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La Campagne de Flandre

La campagne de Flandre1
Célébrons à haute voix
Le monarque de la France ;
Tous ceux qui suivent ses lois
Doivent être en réjouissance
Chantez tous, ainsi que moi,
Vive Louis, notre bon Roi !

Que ses bontés ont d’appas !
Que sa bravoure est extrême !
Il aime tous ses soldats
Parce qu’il est soldat lui-même.
J’entends partout publier
Qu’il est son premier grenadier.

De Menin tous les bourgeois
Sont charmés qu’il soit leur maître ;
On dit qu’ils étaient Français
Bien longtemps avant que de l’être ;
Ces bons Flamands criaient tous :
Sous votre loi conservez-nous.

A ses guerrières ardeurs
Les exploits seront faciles ;
Quand on a pris tous les cœurs
On prend bientôt toutes les villes ;
L’amitié sur les esprits
Fait plus d’effet que les fusils.

Sans craindre les coups du sort,
Son ardeur partout est grande ;
Il ordonne, mais d’abord,
Lui-même fait ce qu’il commande.
Cet illustre souverain
Se met le premier en chemin.

Jamais le fer ni le plomb
N’ont arrêté sa personne ;
S’il ne craint point le canon,
Je ne vois rien là qui m’étonne ;
Est-il possible, morbleu !
Que le soleil craigne le feu ?

Sa présence réunit
Les cœurs et les caractères,
Même zèle, même esprit,
Préside à toutes nos affaires ;
Deux cent mille hommes sous lui,
Ne font plus qu’une âme aujourd’hui.

Goûtez bien votre bonheur,
Vous, dont il est camarade,
Pour moi, je sens que mon cœur
Loin de mon chef devient malade ;
Pour voir un Louis charmant,
J’en donnerais mille à l’instant.

Je languis autant que toi
Depuis sa cruelle absence.
Avec le portrait du Moi,
J’en vois qui prennent patience ;
Mais tous ces portraits, ma foi,
Sans lui n’ont point d’attraits pour moi.

De ses jours on a besoin.
Grand Dieu ! la France vous prie
De vouloir en prendre soin ;
Veillez sans cesse sur sa vie ;
Car si vous n’y pensez pas,
Lui-même en fait trop peu de cas.

Conservez son rejeton2 ;
Le fruit d’un arbre semblable
Ne peut être que très bon.
Déjà chez lui tout est aimable ;
De plus en plus il se rend
Digne fils d’un père aussi grand.

  • 1 - C’est le 3 mai que le Roi quitta Paris pour aller en Flandre. « Il avait une armée florissante que le comte d’Argenson, secrétaire d’État de la guerre, avait pourvue de tout ce qui pouvait faciliter la guerre de campagne et de siège… A son approche, les Hollandais, qui avaient promis de se joindre aux troupes de la reine de Hongrie et aux Anglais, commencent à craindre. Ils n’osent remplir leur promesse. Ils envoient des députés au Roi au lieu de troupes contre lui. Le Roi prend Courtray (le 18 mai) et Menin (le 5 juin), en présence des députés. Le lendemain même de la prise de Menin il investit Ypres (6 juin)… Ypres capitula bientôt (25 juin) ; nul moment n’était perdu. Tandis qu’on entrait dans Ypres, le duc de Boufflers prenait la Kenoque, et le Roi allait, après ces expéditions, visiter les places frontières. » (Voltaire, Siècle de Louis XV.) (R)
  • 2Le Dauphin. (M.) (R)

Numéro
$0999


Année
1744




Références

Raunié, VII,22-25 - Clairambault, F.Fr.12711, p.49-52 et 153 - Maurepas, F.Fr.12647, p.99-102 - F.Fr.13657, p.243-46 - BHVP MS 550, f°35v-37r