Epigramme
N’a pas longtemps, un seigneur moscovite1
,
Grand connaisseur, d’un pauvre auteur sifflé
En vers français a prôné le mérite,
Dont le rimeur, d’orgueil tout boursouflé,
Dans son Mercure a colloqué l’épître.
Or, mes amis, savez-vous à quel titre
Telle patente il a pu mériter ?
Ses vers qu’ici nul ne veut écouter,
Ont à Moscou charmé plus d’une oreille :
Chacun y dit : ma foi, sans le flatter,
Ce Français-là parle russe à merveille !
- 129 décembre 1773a. ADD. On a lu dans le Mercure des vers d’un seigneur russe prétendu, en l’honneur de M. de La Harpe, que cet adjoint au journal en question y avait insérés modestement ; ce qui a donné lieu à l’épigramme suivante, qu’on attribue à un M. Ginguené, débutant dans sa carrière (M.).
Mémoires secrets, V, 461 - Choix d'épigrammes, p.174-75