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Les Mirlitons

Les mirlitons1
A l’Amour rendez hommage,
Disait Lisette à Colin,
Je n’ai pas un laid visage,
Et ce qui vaut mieux enfin,
C’est mon mirliton.

Je quitterai ma bouteille,
Dit Colin, pour un moment,
Si tu veux bien sous la treille
Me prêter présentement
Ton beau mirliton.

A d’autres ! répond la belle ;
Je veux qu’on m’aime toujours :
Si tu veux m’être fidèle,
Tu peux compter tous les jours
Sur mon mirliton.

Pour nous aimer sans contrainte,
A dit Colin, faisons mieux :
Donnons le jour à la pinte,
La nuit sera, si tu veux,
Pour ton mirliton.

Pour te prouver que je t’aime,
Bois, je boirai encor mieux,
Et puis après tout de même
Nous ferons jouer tous deux
Certains mirlitons.

Méfie-toi de ces fillettes
Qui semblent n’y penser pas ;
Pour les voir plus guillerettes
Ne les prends point par le bras,
Mais au mirliton.

  • 1 Toutes les pièces dans lesquelles le mot mirliton entre comme refrain sont d’un ton plus que léger et d’un goût douteux ; nous les aurions volontiers éliminées, si elles ne méritaient d’être considérées comme un témoignage caractéristique de l’esprit du temps Lors de leur apparition, elles jouirent d’une très grande vogue. « Il s’est répandu, écrit Marais, un nouveau vaudeville qu’on appelle le Mirliton On y fait des couplets de toutes les sortes, et il y en a sur toute la cour, qui y est fort maltraitée, sans épargner les princesses. Un poète en a fait sur le Jugement de Pâris » Le mirliton fut bientôt appliqué à toutes sortes de sujets, comme on va le voir, et les couplets les plus variés s’enchaînèrent sans autre lien que le refrain ; nous avons, autant que possible, groupé ensemble ceux qui, nous étant parvenus isolés, se rapportaient à un même ordre d’idées. (R)

Numéro
$0513


Année
1723




Références

Raunié, IV,177-79 - Clairambault, F.Fr.12699, p.36-37