Sans titre
Dans un bois planté par l’amour
Avec grand plaisir l’autre jour
Une jeune bergère (hé bien)
Faisait sur la fougère
Vous m’entendez bien.
Faisait pour Silvandre un bouquet
De lavande et de serpolet
Son amant la rencontre (hé bien)
Aussitôt il lui montre
Vous m’entendez bien.
Il lui montre une vive ardeur
Et lui demande pour faveur
Qu’enfin elle permette (hé bien)
Qu’il l’aime et qu’il lui mette
Vous m’entendez bien.
Qu’il lui mette un lis sur le sein
Sitôt qu’il lui porte la main
Lisette lui découvre (hé bien)
Sans résistance elle ouvre
Vous m’entendez bien.
Elle ouvre pour se soulager
le fond de son coeur au berger
Elle tombe et soupire (hé bien)
Et commence à lui dire
Vous m’entendez bien.
A lui dire qu’elle se rend
Aux voeux d’un amour si constant
Et que son coeur trop tendre (hé bien)
Ne peut pas se défendre.
Vous m’entendez bien.
Se défendre de ses transports
Il fit de violents efforts
Et pour toute réponse (hé bien)
L’heureux Silvandre enfonce
Vous m’entendez bien.
Silvandre enfonce son chapeau
Puis enflant un gros chalumeau
D’une main il tâtonne (hé bien)
De l’autre il déboutonne
Vous m’entendez bien.
Il déboutonne son habit.
La pucelle tremble et rougit
Il chiffonne avec grâce (hé bien)
Et soudain il repasse
Vous m’entendez bien.
Il repasse le bavolet
De celle qu’il tient au collet
La bergère follette (hé bien)
Perdit dessus l’herbette
Vous m’entendez bien.
La bergère perdit ses gants ;
Le berger sans perdre de temps
Plus ardent qu’un satire (hé bien)
La baise et se retire
Vous m’entendez bien.
Se retire au fond de ce bois
Après plusieurs galants exploits
Tout prêt à faire encore (hé bien)
A celle qu’il adore
Vous m’entendez bien.
Arsenal 3115, f°205v-206v - Lyon BM, MS 1552, p.361-65