Hommage au Tiers État
Hommage au Tiers état
Si le clergé, si la noblesse,
Mes bons amis,
Nous traitent avec tant de rudesse
Et de mépris,
Laissons-les tous s'en faire accroire
Perdre l'État ;
En attendant, nous allons boire
Au tiers état.
Devant la suprême justice,
Pas plus que nous,
Que leur servent leur artifice
Et leur courroux ?
Auraient-ils perdu la mémoire
Que leur éclat
Provient, de même que leur gloire,
Du tiers état ?
Nous devons tous à la puissance
Respect, égard ;
Mais d'où tenons-nous la naissance ?
C'est du hasard.
Le premier qui se rendit maître
Fut un soldat ;
Il fut roi : d'où tenait-il l'être ?
Du tiers état.
Vous, qui nous traitez de racaille
Si poliment,
Comme nous vous paierez la taille
Très noblement.
Vive le sauveur de la France !
Necker, vivat !
D'où ce héros tient-il naissance ?
Du tiers état.
De Louis, notre grand monarque,
Ah ! le grand coeur !
Il veut, il fait et il nous marque
Notre bonheur.
Défendons, aimons avec zèle,
Servons l'État,
Qu'à Louis soit toujours fidèle
Le tiers état.
Raunié, X,340-41