Épigramme sur le duc de la Force1
J’avais résolu de me taire
Et désormais de ne plus faire
Ni vaudeville ni chanson.
Mais quoi ! pour ce duc mercenaire,
Une folle comparaison
M’arrache un conseil salutaire.

Tu n’as que deux partis à prendre2 ,
La Force : l’un est de te pendre
Ou bien de t’éloigner d’ici.
Fais ainsi que l’a fait ton maître3 ,
Et pars pour le Mississipi,
Mais crains de t’y faire connaître.

Rongé d’une indigne avarice 4
Par elle tu te rends complice
Des fureurs d’un monstre abhorré
Tu chéris l’utile injustice.
Comme Midas d’or altéré.
Puisses-tu trouver ton supplice !

• 1En 1721, sur le duc de la Force accusé par le parlement d’avoir fait des magasins d’épicerie et autres marchandises qui furent saisies et confisquées par arrêt du Parlement. (BVP, MS 580)
• 2Conseil qu’on lui donna, après l’arrêt du Parlement rendu contre lui le 21 février 1721, les chambres assemblées avec les ducs et pairs, par lequel il a été décrété d’ajournement personnel pour s’être opposé à la visite qui avait été ordonnée être faite en sa maison que l’on disait remplie de marchandises. (M.) — La version de Marais est toute autre : « Le Régent a dit au duc de La Force : « Que n’allez‑vous à vos terres et que n’abandonnez‑vous toutes ces marchandises ? » Il a demandé depuis à ses amis si cela voulait dire qu’il était exilé dans ses terres, et on a dit dans le monde qu’il l’était. » (R)
• 3Law. (M.) (R)
• 4F.Fr.13655 est seul à proposer cette troisième strophe.