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Brevet de directrice des hôpitaux et du chemin comédien (sic)

Brevet de directrice des hôpitaux à Duchemin, comédien

Nous, dont les différents talents

S’exercent sous les lois du dieu de la satire,

Nous, dont l’emploi est de dire

Les actions de tant de gens

Qui donnent au public à rire,

Étant informé du bon sens

De l’excellence et du mérite

De la fière ***, nouvelle prosélyte

D’un ordre qu’à bon droit on respecte ici-bas.

Critiques, ne prétendez pas

Trouver ici sujet de mordre

Et me jeter dans l’embarras.

Je parle de l’hymen, destructeur du désordre,

Dont jusqu’à soixante ans elle n’osa tâter,

Non par crainte, mais par prudence.

Ce mot dit tout et doit la faire respecter

Elle en trouve aujourd’hui la juste récompense :

Un mortel ose la tenter,

Il fait plus, il veut la mériter

Et fort dévotement lui présente une offrande.

Il dit : je veux de la grande bande

Augmenter le nombre aujourd’hui.

L’amour n’est que pure chimère

Et je prétends qu’on me révère.

Oui, j’entends que désormais

Ce dieu laisse mon cœur en paix.

Connaissez, poursuivit-il, le prix du sacrifice

Que je vous fais de mon printemps.

J’ai, comme vous savez, la ferveur du novice

Si je n’en ai les agréments

(Le tout se dit par modestie).

Elle est, vous le savez bien,

La vertu du comédien.

Enfin chacun a sa mine.

La vôtre fut en son printemps

(Que ce soit dit sans vous déplaire)

De faire usage des talents

Que vous avait donnés la reine de Cythère

Et que vous conservez depuis un si long temps.

Presque en naissant, de l’amoureux mystère

Vous apprîtes le formulaire.

Professe enfin, par vos leçons,

L’épée, la robe et la crosse,

Gens bien faits, boiteux portant bosse

Furent instruits par vous, moyennant leurs testons.

Et comme un bon cheval ne devient jamais rosse,

Je me trouve à vingt ans un de vos nourrissons.

J’en suis content, charmé, tout le reste est chansons.

Mais dieu, dieu porte-marotte,

Assisté par les chefs de l’auguste calotte,

Vient de me concéder l’honnête et digne emploi

D’étalon des vieilles vestales,

Et pour rendre les choses égales,

Ne faisant plus qu’un avec moi,

Vous ont reçue et proclamée

Notre mère la bien aimée,

Directrice des hôpitaux,

Où peuvent recouvrer leurs forces

Ceux dont les malheureux travaux

Leur ont attiré mille maux,

En prenant vos douces amorces

Dont ils ont bien connu le faux.

Par l’ordre de nos chefs, je vous donne cédule.

Ils assignent vos revenus,

Cent mille écus, Duclos, prenez-les sans scrupule,

Sur les moments que vous avez perdus,

Sur le temps qui s’envole et qui ne revient plus.

Signé le 22 juin, par moi Aymon et Saint-Martin.

 

Numéro
$4213





Références

F.Fr.12785, f°41-43


Notes

Erreur manifeste dans le titre. La calotte vise Mlle Duclos, comédienne, épouse sur le tard de son jeune camarade Duchemin.