

Chanson bachique
Que Criton, cette mine noire
Pleure l’absence des ducats ;
Que le riche Atis fasse gloire
De se donner tous ses ébats,
Tous deux ils font merveille,
Tous deux ils ont leurs raisons ; mais moi
C’est du jus de la treille
Que je reçois la loi.
Qu’avec le casque et la rondache
Le guerrier brave le destin ;
Que sous le froc un dévot cache
Tous les vices du libertin,
Que les beaux yeux d’une Sylvie
Enflamment le jeune Alcidon,
Ou qu’à la mode d’Italie
Alexis plaise à Corydon,
Que d’Argenson de sa carrière
Ait terminé le trop long cours1 ;
Que d’Aguesseau, cette âme altière,
Nous promette de plus beaux jours,
Que le pape Clément, à Rome,
Fabrique de nouveaux rébus ;
Que le cardinal, habile homme,
En appelle comme d’abus,
Que Philippe, dans sa régence,
Philosophe avec nos écus ;
Que le Parlement s’en offense
Et plaigne ses droits confondus,
Tous deux ils font merveille,
Tous deux ils ont raison : mais moi
C’est du jus de la treille,
Que je reçois la loi.
Numéro $0373
Année 1720
Description
4 x 8
Références
Raunié, III,181-83 - Clairambault, F.Fr.12697, p.88-89 - Maurepas, F.Fr.12629, p.309-10
Mots Clefs 1er marquis d'Argenson, d'Aguesseau, cardinal de Noailles, Clément XI, Régent ; Parlement, bachique, indifférence