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Momus fabuliste

Momus fabuliste
Une fauvette1 aimait, malgré son père,
Avec tendresse un jeune canari,
Delà les monts son père, trop sévère,
Va lui donner un hibou pour mari2 .
Belle Valois, ma fable est-elle obscure ?
Lure lure,
Richelieu vous l’expliquera,
La la la la.

Une linotte3 à tête peu sensée,
Qu’on dit atteinte aussi du même mal,
Quoique le sang l’unisse à la fiancée
Profitera de cet hymen fatal.
Belle Valois, ma fable est-elle obscure ?
Lure lure,
Charolais4 vous l’expliquera,
La la la la.

  • 1Sur Mlle de Valois, femme de M. le prince de Modène contre son gré, à ce qu’il paraissait. L’année d’auparavant, on avait parlé d’une intrigue entre elle et le duc de Richelieu qui fut mis à la Bastille, sous le prétexte d’avoir voulu livrer le royaume au roi d’Espagne, où était son régiment. (M.) — Cette intrigue amoureuse causa un certain scandale. Le duc de Richelieu avait loué une maison contiguë au Palais‑Royal, et fait percer le mur attenant au cabinet de Mlle de Valois, pour pénétrer chez la princesse. La fille du Régent dissimulait l’ouverture à l’aide d’une grande armoire ; mais le mystère fut découvert au moment même où l’on préparait le mariage de Mlle de Valois avec le roi de Sardaigne. Malgré les précautions du Régent pour cacher l’aventure, elle fut connue en Piémont par une lettre de Madame, et la négociation fut rompue.
  • 2On l’avait fiancée à la fin de l’année 1719, au prince de Modène. (R)
  • 3Sur Mlle de Charolais, qui a aimé auparavant le même Richelieu qu’on prétendait qu’elle voulait épouser. (M.) — Ce bruit prit même une certaine consistance, si bien que Marais écrivait dans son Journal : « On m’a dit aujourd’hui que Mlle de Charolais, princesse du sang, a épousé le duc de Richelieu, qu’elle aime depuis longtemps ; que le mariage s’est fait ces jours passés dans la chapelle de Vincennes ; que la princesse a attendu qu’elle ait vingt‑cinq ans ; qu’elle a fait des sommations respectueuses à Mme la duchesse sa mère, qui avait toujours résisté à ce mariage aussi bien que la famille royale et qu’elle est plus contente d’avoir épousé un duc et pair fort galant qui a 50 000 écus de rente, qu’elle aime, et qui la fait rester dans la cour de France, que d’être souveraine ailleurs. » Mais Marais constata bientôt que cette nouvelle était fausse.
  • 4Les deux princesses soupçonnaient Richelieu de les tromper l’une pour l’autre, et, sans avoir aucune preuve de son infidélité, se détestaient mutuellement. « Lorsque Mme de Modène revint en France, et se rapprocha de Mlle de Charolais, dit le baron de Bésenval, elles se confièrent mutuellement tous les détails qui regardaient M. de Richelieu, et conçurent pour lui une égale haine, qu’elles ont conservée jusqu’à la mort. » (R)

Numéro
$0352


Année
1720 (Castries)




Références

Raunié, III,161 - Clairambault, F.Fr.12697, p.63-64 - -Maurepas, F.Fr.12630, p.207 - F.Fr.9351, f°304r  - F.Fr.15018, p.216 - Mazarine Castries 3983, p. 57-58