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Les Amis de Law

Les amis de Law
Law se fait-il des amis ?
Vraiment ma commère, oui,
Tous les gens du ministère,
Et vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.

Les princes sont-ils enrichis1  ?
C'est un habile compère.

Son conseil est-il suivi ?
Manie-t-il bien ses affaires ?

Le Parlement bisque-t-il ?
On dit qu'il en a la foire.

Connaissez-vous les  Pâris2 ?
Law les envoie faire faire.

D'Argenson3 en est contrit,
Mais Ce drôle sait se taire.

Avez-vous du Mississipi,
Vous êtes donc actionnaire ?

Les princesses y ont aussi4 ,
Vraiment, ma commère, oui.

Il fait donc bien leurs affaires ?
Et vraiment, ma commère, voire,
Vraiment, ma commère, oui.

  • 1« Entre les princes du sang, M. le duc de Bourbon profita le plus heureusement des actions que Law leur avait données pour se soutenir. Ce prince acheta tout ce qui se trouva à sa bienséance en terres ; il fit rebâtir Chantilly avec une magnificence royale. » (Vie privée de Louis XV.) Madame nous apprend que le duc de Bourbon avait reçu de Law ou gagné plus de soixante millions. (R)
  • 2Gens d’affaires tombés en discrédit. Ils tenaient leurs livres à parties doubles. (M.) — Les frères Pâris, habiles financiers, avaient essayé de susciter une rivale à la Compagnie d’Occident ; mais l’influence sans cesse grandissante de Law rendit leurs efforts stériles. (R)
  • 3« Mon père n’a jamais été la dupe de Law, et je pense même que, s’il n’eût dépendu que de lui, il eût donné la préférence aux projets de MM. Pâris, qui, voulant opposer système à système, avaient un plan d’actions sur les fermes qui devait nécessairement pâlir devant le funeste clinquant des actions mississipiennes. Law et mon père ne s’accordèrent jamais pleinement ensemble. » (Mémoires du marquis d’Argenson.) (R)
  • 4La duchesse de Bourbon donnait l’exemple d’une insatiable cupidité. On lit, en effet, dans la Correspondance de Madame : « Law est tellement pourchassé qu’il n’a de repos ni jour ni nuit ; une duchesse lui a baisé les mains devant tout le monde, et si les duchesses lui baisent les mains, qu’est‑ce que les autres dames ne devront pas lui baiser ? […] J’ai honte de voir une princesse du sang entrer à la Banque et se faire battre par cupidité pour amasser de l’argent. C’est vraiment ignoble. » (R

Numéro
$0345


Année
1718 (Castries) / 1719




Références

Raunié, III,147-48 - Clairambault, F.Fr.12697, p.221-22 - Maurepas, F.Fr.12630, p.33-34 - F.Fr.13655, p.50 - Mazarine Castries 3982, p. 250-51