Chanson sur le parlement

Vous n’êtes que des pantins1 ,

Vous n’êtes qu’un corps sans âme ;

Vous n’êtes que des pantins,

Vous, Messieurs les grands robins.

L’échappé des Théatins2

Vous fait jouer dans ses mains

Le faux zèle qui l’enflamme

De Français vous fait Romains.

Vous n’êtes que des pantins,

Vous n’êtes qu’un corps sans âme ;

Vous n’êtes que des pantins,

Vous, Messieurs les grands robins.

Les lois, la religion

Sur vos têtes calotines,

Les lois, la religion

Ne font plus d’impression.

Vous servez la passion

D’un moine dur et brouillon.

Vous n’êtes une des machines

De la Constitution

Les lois, la religion

Sur vos têtes calotines,

Les lois, la religion

Ne font plus d’impression3 .

• 1Chanson,sur l'air des Pantins, sur le Parlement de Paris au sujet d'un arrêté de M. d'Ormesson, avocat général, qui ordonne de regarder la Bulle Unigenitus comme règle de foi et loi de l'État.
• 2Boyer, évêque de Mirepoix, ancien religieux théatin.
• 3Chacun sait que l’évêque de Mirepoix a été Théatin. Ces deux couplets ont été dénoncés au Parlement par l’avocat général d’Ormesson. On cherche, dit-on, l’auteur. Cela est sans doute bien inutile. L’affaire dernière du Parlement fait grand bruit. Le Roi avait écrit une lettre circulaire aux évêques pour leur ordonner de faire signer la Constitution comme règle de foi. L’avocat général d’Ormesson, créature de M. de Mirepoix, avait gagné la Grand-Chambre et les Requêtes pour faire enregistrer cette lettre, et il ne s’en est fallu que de deux voix pour l’affirmative. Les cinq chambres des Enquêtes sont venues à la traverse lors de l’assemblée de toutes les chambres qui ont rendu l’arrêt du 17 février 1747. Cette affaire dans laquelle une grande partie du Parlement a semblé fléchir a donné lieu aux deux couplets ci-dessus.