Sans titre
Air : La trop innocente Colette
La trop crédule La Cadière
Ignorait dans ses plus beaux ans
Ce que la reine de Cythère
Dans l’hymen permet aux amants.
Un jésuite voulant l’instruire
À la belle enseigne le jeu
Et l’impie pour la mieux séduire
Dit : c’est la volonté de Dieu
Qui veut cela, qui veut cela.
Nature toujours trop fragile
Se rend à ses tendres désirs.
Pour jouir aisément de la fille
Au faux zèle il veut recourir.
Chacun sait que par une grille
L’embrassant dans un saint lieu
Il lui disait : ma chère fille,
Soyez-moi soumise pour Dieu
Qui veut cela, qui veut cela.
Avec la crédule fillette
Le bon père prend du plaisir
Et plus d’une fois en cachette
Satisfait l’amoureux désir
Voyante que la jeune Colette
Méconnaît ses yeux amoureux
Il dit toujours à la brunette :
Nous gagnons tous deux les cieux
Faisant cela, faisant cela.
De ce commerce sacrilège
Dieu tout-puissant est irrité.
La fin de tout ce sortilège
Nous découvrit la vérité.
Puisse être puni le coupable !
Qu’à jamais la postérité
Ne voie une chose semblable,
Que ce monstre d’iniquité
Soit justicié, soit justicié.
Besançon BM, MS 561, p.143-44