sans titre
De Londres à Paris l’on écrit,1
Vla c’que c’est qu’d’avoir un vit,
Qu’une certaine milady,
Du roi la maîtresse,
Voyant qu’il la laisse
Au palais fit grand carillon,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un con.
Voici comme on fait ce récit.,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un vit,
La belle, une certaine nuit,
Sans ouvrir la bouche
Va droit à la couche
Où dormait le roi de son long,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un con.
En arrivant proche du lit,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un vit,
Pour grand crève-cœur elle vit
Des mules de femme,
Des atours de dame,
Manteau, coiffure, cotillon,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un con.
Les rideaux lors elle entr’ouvrit,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un vit,
De ses propres yeux découvrit
La jeune Walpole,
Le roi qui l’accole,
Le nez encor sur ses tétons,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un con.
A cet objet tout lui frémit,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un vit,
Sa lumière qu s’éteignit
En tombant par terre
Le réveil opère,
Le roi rugit comme un lion,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un con.
Il se précipite hors du lit,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un vit,
Et des pieds et des mains tant il fit
Que quoiqu’en novembre
Tout nu dans sa chambre
Il allait l’assommer, dit-on,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un con.
Se voyant harcelée ainsi,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un vit,
La belle où vous savez le prit
Mais il s’en échappa,
De nouveau la frappe
De cent coups de pied au giron,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un con.
Au visage elle le saisit,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un vit,
Et le nez si fort lui mordit
Que le sang ruissela
La Walpole appelle,
On sépare les champions,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un con.
Sa Majesté depuis ceci,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un vit,
De sa chambre n’ose sortir
Mainte égratignure
Qui le défigure
Chez lui le retient en prison,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un con.
Il devait sortir du pays,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un vit,
En Flandre aller, puis à Nancy,
Tout mettre au pillage
Et dans son voyage
Enlever Louis de Bourbon,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un con.
Mais l’aventure que voici,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un vit,
L’a retenu bien malgré lui
Dont il se désole,
Dont je me console,
Car par devers nous est le bon,
Vla c’que c’est qu’d’avoir un con.
- 1On écrit d’Angleterre que Georges de Brunswick, second du nom, a essuyé de la part de son ancienne maîtresse le chagrin d’en avoir été si mal traité que les égratignures qu’elle lui a faites ne lui permettront pas de paraître de longtemps en public.
Mazarine Castries 3988, p.127-31