Tout le monde vous rit au nez1 ,

Monsieur l’abbé,

Tout le monde vous rit au nez.

C’et une farce

De voir votre garce

Dans ce beau char où vous la promenez

Tout le monde vous rit au nez,

Monsieur l’abbé,

Tout le monde vous rit au nez.

Qui l’aurait jamais deviné,

Monsieur l’abbé,

Qui l’aurait jamais deviné

Qu’une donzelle

Tournât la cervelle

Au petit-fils du grand Condé ;

Qui l’aurait jamais deviné,

Monsieur l’abbé,

Qui l’aurait jamais deviné ?

Avez-vous bien pu la boucher,

Monsieur l’abbé,

Avez-vous bien pu la boucher,

Car la bougresse

Sans que l’on la blesse

Endurerait qu’on mît le poingt fermé.

Avez-vous bien pu la boucher,

Monsieur l’abbé,

Avez-vous bien pu la boucher,

Car le dernier qui l’a baisée,

Monsieur l’abbé,

Car le dernier qui l’a baisée

Sur sa foi jure

Qu’en son ouverture

Entrerait même un engin débandé.

Car le dernier qui l’a baisée,

Monsieur l’abbé,

Car le dernier qui l’a baisée.

Vous avez l’esprit bien bouché,

Monsieur l’abbé,

Vous avez l’esprit bien bouché,

Ou bien malade

De faire bravache

D’être en public un vilain débauché

Vous avez l’esprit bien bouché,

Monsieur l’abbé,

Vous avez l’esprit bien bouché.

Le public il faut respecter,

Monsieur l’abbé,

Le public il faut respecter :

C’eet notre maître,

Si grand qu’on puisse être,

Par ses brocards il se fait respecter.

Le public au moins respecté,

Monsieur l’abbé,

Le public au moins respecté.

Vous étiez bien moins insensé,

Monsieur l’abbé,

Vous étiez bien moins insensé

Quand sous la chaine

Camargotienne

Dedans Berny vous étiez ignoré.

Vous étiez bien moins insensé,

Monsieur l’abbé,

Vous étiez bien moins insensé.

• 1Toute cette chanson roule encore sur les deux promenades que fit la Le Duc les mercredi et jeudi de la Semaine Sainte au bois de Boulogne dans une calèche superbement attelée que lui fournit M. le comte de Clermont, au grand scandale de nos dévots de faire parade dans des jours consacrés à la pénitence d’une débauche pareille.