sans titre
Quelle est donc cette comédie
Qui fait aujourd’hui tant de bruit,
Qui fronde l’Encyclopédie
Et drape tant de gens d’esprit ?
L’auteur les produit sur la scène
Et les montre au doigt clairement ;
Rli, rlan, rli, rlan,
Et rlantanplan il vous les mène,
Rlantanplan, tambour battant.
Il prétend que tout philosophe
Est un coquin, un scélérat ;
Que des gens de pareille étoffe
Ne servent qu’à brouiller l’État ;
Que c’en est fait de la patrie
Si l’on en croit ces garnements,
Rli, rlan, rli, rlan,
Et rlantanplan
Et qu’il faut qu’on les répudie
Rlantanplan, tambour battant.
Cidalise, femme estimée
Par son esprit, ses agréments
Et qui, suivant la renommée,
Est protectrice des talents ;
Pour s’être déclarée amie
Et des sages et des savants
Rli, rlan, rli, rlan,
Et rlantanplan
Donne, dit-on dans la folie
Rlantanplan, tambour battant.
On y fait voir à quatre pattes
Un misanthrope assez connu
Qui, des Catons et des Socrates
A tout l’esprit et la vertu ;
Comme il traita l’homme de bête,
On lui rétroque l’argument
Rli, rlan, rli, rlan,
Et rlantanplan
En le menant d’un air honnête
Rlantanplan, tambour battant.
O dieux ! dans quel siècle nous sommes !
Un jeune auteur impunément
Ose railler les plus grands hommes,
Et les jouer publiquement
En vérité, rien n’est plus drôle,
Un nain attaque les géants
Rli, rlan, rli, rlan,
Et rlantanplan
Et vous les mène à tour de rôle
Rlantanplan, tambour battant.
Ce beau censeur qui satirise
Rousseau, d’Alembert, Diderot,
Est-ce un ministre de l’Église,
Un grave docteur, un dévot ?
Non, il est d’autant ridicule
Que c’est un jeune homme imprudent
Rli, rlan, rli, rlan,
Et rlantanplan
Qui va lui-même sans scrupule
Rlantanplan, tambour battant.
Mais de satires quelle grêle
Vient l’écraser, il fait pitié ;
Au lion l’âne qui s’en mêle
Ose ruer son coup de pied.
Pauvre auteur, c’était bien la peine
De triompher pour un moment
Rli, rlan, rli, rlan,
Et rlantanplan
Vois, comme à ton tour on te mène
Rlantanplan, tambour battant.
Favart, I, 32-34