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sans titre

Le Chancelier1

On sait qu’il me doit tout, et que pour sa grandeur,

J’ai foulé sous les pieds remords, crainte, pudeur ;

Qu’avec un cœur d’airain exerçant sa puissance

J’ai fait taire les lois et gémir l’innocence ;

Que pour lui, des Français bravant l’aversion,

J’ai chéri, recherché la malédiction.

Et pour prix de ma vie à leur haine opposée

Le barbare aujourd’hui m’expose à leur risée.

 

Le Brun

Seigneur, nous sommes seuls. Que sert de se flatter ?

Ce zèle que pour lui vous fîtes éclater,

Ce soin d’immoler tout à son pouvoir suprême,

Entre nous, avaient-ils d’autre objet que vous-même ?

Et sans chercher plus loin, ces fameux exilés,

N’est-ce pas à vous seul que vous les immolez ?

Enfin la cour nous hait, le peuple nous déteste, etc.

  • 1 On a parodié assez heureusement un endroit de la première scène du 3ème acte d’Esther : au lieu d’Aman et de Zarès, on suppose que le chancelier dit à son confident Le Brun en parlant du roi :(Suard).

Numéro
$5766


Année
1774 août




Références

Suard, CL, p.735-36