Brevet pour le Sr Parfait sur la comédie de la Fausse suivante jouée aux Italiens en 1724
Brevet pour le Sieur Parfait, sur la comédie
de La Fausse Suivante, jouée aux Italiens en 1724
De par le dieu porte-marotte,
Nous, premier pair de la Calotte,
Ce jourd’hui, de très grand matin,
Tenant le conseil calotin,
Informé par nos émissaires
Nos ambulants, nos commissaires
Par nous commis à cet effet,
Que le tendre et badin Parfait
Aurait exposé sur la scène
La déclaration obscène
D’un amour si contagieux
Que chacun en est envieux,
Et qu’il n’est amant au parterre
Qui n’en souhaitât autant faire.
Informé de plus que l’acteur
Pour mieux toucher le spectateur
Et le rendre encore plus sensible
À cette scène irrésistible
Rendait cet endroit pestilent
Par maint et maint geste indécent.
Ouï le rapport, suivant l’usage,
D’une calotine très sage
Et de deux filles d’Opéra
Séduites par cet endroit-là,
Donnons le titre à Dominique
De réviseur et contrôleur
De toute posture lubrique
Qui puisse instruire l’auditeur.
Voulons que sur le mont Parnasse
Ledit Parfait prenne place
Dans le plus éminent degré
Entre Bertrand et Brioché.
Le déclarons par ces présentes
Pour ses phrases plus que galantes,
Faiseur banal de compliment
Des vestales du Régiment.
Ordonnons à toutes les filles
Qui sont déjà dans nos quadrilles
Si pour l’honneur du Régiment
Elles ont de l’attachement
De ne plus se pâmer ni rire
Que des traits d’esprit dudit sire
Dont il se sert très à propos
Pour mieux en imposer aux sots,
À peine d’être déclarées
Spectatrices déshonorées.
F.Fr.9353, f°95v-96r - F.Fr.12655, p.207-08 - F.Fr.15016, f°189r-190v -F.Fr.25570, p.725-27 - Lille BM, MS 64, p.260-63