Brevet d'aumônier pour le Sr. Ratier
De par le dieu porte-marotte,
Nous, Général de la Calotte,
Bien certain que le Sieur Ratier,
Prêtre et curé de son métier,
Ainsi qu'un très grand personnage
Mérite d'être incessamment,
Aumônier dans le régiment.
Ouï sur ce le témoignage
Que Verdier nous en a rendu,
Lequel nous assure avoir vu
Le susdit prêtre en sa colère,
Tranchant du jeune mousquetaire,
Poursuivre, l'épée à la main,
Certain quidam marchand de vin,
Qui par respect pour la soutane,
N'osa répondre à coups de canne.
Vu la haute témérité
D'une action aussi gaillarde,
De notre pleine autorité,
Décernons calotte oreillarde,
Convenable à si léger chef,
Et de crainte que par méchef
Un si fin cerveau ne s'évente,
Voulons qu'elle soit très pesante,
Et d'un métal si bien fondu,
Qu'il ne puisse être morfondu.
Plus, par une faveur complète,
Accordons audit aumônier,
Papillon, grelots, girouette,
Et rat, le plus gros du grenier.
Et quant aux autres droits et gages,
Voulons que le cadet Bontemps
Lui fasse payer tous les ans,
Sur les premiers brouillards d'automne,
Quatre mille livres tournois,
Par quartiers, ou tout à la fois.
Plus, accordons à sa personne
Sauvegarde et protection,
Encontre toute lésion,
Défendant d'user de mainmise
Sur un si grand homme d'Église.
Scellé, signé de notre nom,
De Torsac, et par moi, Aymon.