Brevet pour Coypel le fils
De par le dieu porte-marotte,
Nous, Général de la Calotte,
Attentif à récompenser
Les gens d'un excellent mérite,
Gens de génie et de conduite ;
Désirant aussi de placer
Dans les hauts rangs, postes et grades,
Des officiers de nos brigades,
Informé de très bonne part
Que Coypel fils, peintre et poète
De l'un ainsi que de l'autre art,
Aurait connaissance parfaite,
Et qu'aux oreilles comme aux yeux,
Il n'offrirait rien d'ennuyeux,
Vu le ballet et comédie
Où la Cour en cercle nouveau,
Se vit tout d'un coup endormie
Par vapeur montant au cerveau,
Vapeur somnifère et noirâtre,
Quelquefois connue au théâtre
Depuis son établissement.
A ces causes, suffisamment
Convaincu par la renommée,
Que ledit Coypel serait bon
A servir de guide et patron
Aux comédiens de l'armée,
Soumettons comme de raison
A l'autorité de sa muse
Tout théâtre de garnison
Où le quartier d'hiver s'amuse.
Outre plus, par ce mandement,
Le créons à titre d'office,
Second peintre du régiment.
Voulons qu'aucun autre ne puisse
Peindre couverture, caissons,
Drapeaux, étendards et guidons
A l'usage de nos milices.
Attachons à nosdits offices,
La pension de mille écus
A prendre sur nos revenus
Des brouillards, vapeurs et nuages
Des rivières et marécages,
A lui payables tous les ans,
Sans frais de contrôle et quittances
Par Mrs. les frères Bontems,
Les trésoriers de nos finances.
Fait le jour que Cardenio,
Sifflé par Thalie et Clio,
En présence de Cour plénière,
Causa vapeur plus meurtrière
Que n'en cause un mauvais sermon.
Signé Torsac, plus bas, Aymon.