La culotte chinoise
La culotte chinoise
Que ne chausse-t-on à Marin1
Cette culotte vengeresse,
Dont en Chine le Mandarin
Punit les gens de son espèce !
Du coupable que l’on nourrit,
L’avant-train lentement pourrit
Corrodé par sa propre ordure ;
Puis infecté de ces parfums
Qu’il faut que sa narine endure ;
Il descend parmi les défunts.
Mais que j’abrégerais bien vite
Ce sale tourment qu’il mérite,
À ses trousses si je lâchais
Le redoutable Beaumarchais :
À l’aspect de son écritoire,
Du gazetier en désarroi,
Tremblant et pâlissant d’effroi,
Tout son sang tournerait en foire.
- 1 - 3 février 1774. ADD. Dans la Gazette de France du lundi 24 janvier n° 8, le sieur Marin fait mention d’un supplice qu’il prétend usité à la Chine, aussi atroce que dégoûtant : il est question d’une culotte de cuir extrêmement fort, dont on revêt les fesses du criminel ; elle est fabriquée de façon qu’il ne peut plus la défaire, et qu’obligé de prendre des aliments à l’ordinaire, il expire lentement dans un tourment dont on ne peut calculer la longueur et les angoisses. Ce détail a révolté les femmes et tous les lecteurs délicats de cette capitale. C’est sans doute un de ces derniers qui, dans sa mauvaise humeur, a exhalé ses plaintes contre le gazetier de la manière suivante.
F.Fr.13652, p.218-19 - Mémoires secrets, IV, 492 - Suard, CL, p.624-25 - Hardy, III, 365