Chanson nouvelle
Quand Thiroux fut fait intendant1
,
C’était pour raser le parlement ;
On craignait dans le ministère
Qu’il n’oubliât le métier de ses pères.
Par un duc brave en temps de paix,
Thiroux fut conduit au palais
Messieurs, dit-il, le roi ordonne
Que je vous fasse le poil en personne.
Nos grenadiers n’étaient pas gens
A se laisser tondre honteusement.
Ils ont su, malgré ces bravaches,
Garder le poil de leurs moustaches.
Or deux d’entre eux furent tondus,
Mais c’étaient deux poils de leur cul,
Des lâches issus de familles
Portant pour armes des étrilles.
Puis Thiroux et le vil Normand
Sont tous eux placés présidents,
D’un conseil d’aussi vils esclaves
Que nos grenadiers étaient braves.
Stil-là qu’a bâclé la chanson,
Vantez que c’est un fier luron ;
Il irait dans sa noble audace,
Leur chier à tous sur la face.
- 131 mars 1772 – Chanson nouvelle (M.)
Mémoires secrets, IV, 100-01