Brevet de la calotte pour le Père Girard et le Père Sabatier
Sur ce que la Société
Nous a souvent représenté
Qu’en certain lieu de la Provence
Où des mauvais esprits l’engeance
Est encline à tout critiquer,
Des quidams osent attaquer
La vertu de deux de leurs pères
Et par des écrits peu sincères
Voudraient persuader aux gens
Que ces pères ont les talents
De contenter maintes commères,
Ce qui révolte le bon sens
Attendu la règle sévère
Qui leur fait inhibition
De s’amuser au cotillon
Et prescrit à chaque bon Père
Pour triompher de l’aiguillon
Une recette de garçon,
Ou bien faute d’un jeune frère
Veut qu’il prenne à discrétion
Tous les jours une dose entière
De manuélisation.
En tout y vaut l’intention.
Le tout pour éviter scandale
Conformément à la morale
Du patriarche Loyola
Si positif sur ce fait-là.
Et d’autant que cette imprudence
Pourrait tirer à conséquence
Si l’on ne terminait le cours
De cet injurieux discours,
La susdite race vous prie
Au nom du dieu de Bulgarie
D’enrôler sous ses étendards
Ces deux illustres papelards.
Sur quoi voulant les satisfaire
Sans en attendre aucun salaire
Et pour honorer les hauts faits
De ce vénérable préfet
Ou le penchant jésuitique
Pour le plaisir philosophique,
Sans égard au fait prétendu
Que nous rejetons, attendu
Leur goût exquis pour la culotte,
Nous, général de la Calotte,
Pour nous conformer à nos us
Et réformer tous les abus,
Dérogeant aux lois du bon ordre
Qui pour obvier au désordre
Nous défendent expressément
D’admettre dans le Régiment
Aucun champion moliniste,
Ordonnons que le quiétiste
Sous le nom de Girard connu
S’appelle à jamais Baisecul
Et qu’il soit notre apothicaire
A cause de son savoir-faire
Ains qu’il panse seul, en secret,
Attendu qu’il est très discret
Et qu’il aime à sucer les plaies,
Témoin les sœurs stigmatisées.
A l’égard de son compagnon
Pour certaine bonne raison
Notre Puissance le déclare
Chirugien-major de Navarre,
Sachant, présents et à venir,
Que tel est notre bon plaisir.