La chose impossible devenue possible en 1731
La chose impossible devenue possible en 1731
Pour rendre droit ce qui fut tort au fond
C’est un grand cas, le Diable s’y confond
Témoin celui de la chose impossible
Que La Fontaine a rendu tant visible
Par son récit plein de joyeuseté.
Mais ce qu’alors ne put être expliqué
Par le lutin, la secte Girardine,
Mouvant ressort de l’énorme machine
L’ose tenter et veut, forçant la loi,
Dresser le courbe et puis courber le droit.
Projet inique, attentat téméraire,
Mais les maudits en recevront salaire
Comme il convient. Crédit et fausseté
Ne peuvent rien contre la vérité.
C’est chose sûre et sainte providence
Ne permettra succomber l’innocence.
Dieu des cœurs, à qui rien n’est caché
Trop mieux savez qui des deux a péché :
Fût-ce Catin dans la fleur de jouvence
Qui du vieux bouc rechercha l’accointance ?
Ou n’est-ce pas le vieux bouc en chaleur
Qui de Catin osa brouter la fleur ?
Quoi donc, Catin aurait par aventure
Pour bouc infect forcé loi de nature ?
Vit-on perdrix qui faucon recherchât,
Agneau le loup, faible souris le chat ?
Partant, Seigneur, d’où part toute science
Qui n’ignorez où réside innocence,
Protégez-la contre tout attentat,
Crédit trop grand, fût-ce de potentat,
Défendez-la contre tout cas sinistre,
De la justice éclairez les ministres.
Sans vous bon droit sera mal entendu
Tord sera droit et tout juge vendu
A d’Ansouis1
dépars la clairvoyance
Réglez sa main quand tiendra la balance
Surtout, Seigneur, en ce fameux débat
N’abandonnez le prince du sénat ;
Soyez sa règle et son guide invisible.
Moyennant quoi broncher est impossible ;
Soyez ici sa souveraine loi,
Son espérance, et sa crainte et son roi.
Puisse à ce prix, Cardin2
, toujours illustre,
Couler ses ans passant vingtième lustre.
F.Fr.23859, f°32v-33v