Vers contre le Père Girard
Que par un arrêt de commande
Conforme aux ordres de la cour,
L'innocente Cadière on pende
Comme le bruit commun en court ;
Que Fleury partage le vice
En affranchissant du supplice
Le scélérat Père Girard ;
Que ce disciple d'Escobar
Fasse triomphe de ses crimes ;
Que ses diaboliques maximes
De stigmates, d'obsessions
Et de transfigurations
Soient du goût du moufti de Rome ;
Que l'on cite pour un saint homme,
Ce monstre vomi des enfers ;
Que ce suppôt de Lucifer
En pratiquant ses sortilèges,
Commette mille sacrilèges ;
Qu'à son quiétisme charnel
Il donne un lustre solennel ;
Qu'il fasse mettre toutes nues
Ses pénitentes prévenues ;
Qu'elles souffrent avec douceur
Ce qu'ordonne le confesseur ;
Que les ayant examinées
Et gravement disciplinées,
En cet état de nudité
Il saoûle sa lubricité ;
Que ce nouveau Sardanapale
Sans craindre son heure fatale
Cherche à faire canoniser
Ses dévotes catinisées
Et du Diable martyrisées
Afin de s'immortaliser ;
Qu'il fasse avorter femmes et filles
Pour deshonorer leurs familles ;
Que Sabatier et ses pareils
Fassent de la tête aux orteils
Trembler les juges de Provence
Qui protégèrent l'innocence
Et que le renversement des lois
Soit le fruit de leurs grands exploits ;
Que l'équité soit opprimée
Et la bonne foi supprimée ;
Qu'un évêque et son promoteur
Soient partisans d'un séducteur ;
Après des faits si détestables
Si l'on condamne sans horreur
Les innocents pour les coupables,
La potence va faire honneur.