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Sans titre

 N’en déplaise à votre Éminence,
On voit certaines gens, en France,
Du blé1 faire un trafic affreux.
Il faut chasser toutes ces races,
Nous n’étions pas si malheureux
Quand on trafiquait des cuirasses2 .

  • 1Une partie du royaume avait eu à souffrir de la famine, sans qu’il y eût disette de blé, et l’on soupçonnait le contrôleur général Orry, d’avoir trempé dans les spéculations qui avaient amené cet état de choses. « On dit, écrivait Barbier, qu’on a enlevé les blés l’année dernière pour en envoyer en Espagne, qui en manquait ; et qu’au lieu d’une certaine quantité, par mauvaise manœuvre du contrôleur général et des intendants, on a multiplié les transports ; d’autres disent que les tailles ne se payaient pas bien dans ces provinces l’année passée, où il y avait beaucoup de blés, mais sans débit ; qu’on en a acheté grande quantité pour faire ces envois ; qu’on en a gardé une partie parce que la récolte de l’année dernière n’a pas été bien abondante, et qu’on le revend aujourd’hui le triple. Mais il s’agit de savoir qui fait cette manœuvre et en profite ; c’est ce que le premier ministre devrait approfondir, pour punir vigoureusement, sans distinction de place. » (R)
  • 2On veut parler ici de celle que M. Chauvelin, garde des sceaux, a trafiquée. (M.) — Soliman avait envoyé à François Ier une cuirasse ornée de diamants que l’on conservait dans le mobilier de la couronne. Louis XV eut envie d’une parure de diamants estimée à deux cent cinquante mille livres ; le cardinal hésitait à fournir cette somme ; Chauvelin proposa alors de vendre les pierreries de la cuirasse pour couvrir la dépense. La proposition fut acceptée et le Roi eut la parure ; mais comme la cuirasse fut vendue six cent mille livres, le garde des sceaux retint devers lui trois cent cinquante mille livres. C’était là comme disait Barbier « une de ces vilenies qui mériterait le fouet, comme à un écolier ». (R)

Numéro
$0903


Année
1739




Références

Raunié, VI,263-64 - Clairambault, F.Fr.12708, p.437 - Maurepas, F.Fr.12635, p.214