Sur le duc d’Osmont,
Beaux yeux quêtant l’acte vénérien1
Non pour néant, mais pour ducats, hé bien !
Martel, gentille et digne d’être mise
En beaux draps blancs, disant que je l’instruise
D’un cas par toi non su jusqu’à ce jour.
Ce duc, à qui tu vendis ton amour,
À beaux deniers, pour prix de ton corsage,
De tes baisers et de ton culetage,
T’a donné Gilles, Arlequin et Pierrot
Par qui tu sais faire bouillir ton pot.
Vient-il encore ce beau duc, ce mécène,
Mettre ente tes bras Thalie et Melpomène ?
Les histrions sont chétive nation
Que tu veux mettre à contribution :
Déjà Quinault et sa sœur Brossorée
Pour demi-quart que tu leur a donné
De mille écus chacun t’ont fait le don.
On t’avertit et crois-moi tout de bon,
Que rien de plus dedans ton escarcelle
Ne tombera ; car une soutanelle,
Housse d’un monstre en sacristain vêtu,
Qui ne sut onc ce que c’est que vertu,
L’abbé Nadal enfin, ce maudit traître,
Qui ne sera jamais qu’un mauvais prêtre,
Quoiqu’il ressemble un crucifix mourant
A quatre fois juré par l’Alcoran
Que la Martel, friande de monnaie,
Plus ne courra sur ses droits, sur sa proie,
Et qu’il renonce au secrétariat
Plutôt qu’elle eût seulement un ducat.
On sait trop bien qu’à cette âme vénale
Pour être admis en la troupe royale,
La Morancourt a lâché du comptant.
Le porte-crosse en a fait tout autant,
Autres faquins, engeance indigne et vile,
Comme Legrand, Granval, Dangeville,
Le Du Boccage et bien d’autres encore
Pour avoir part promettent des monts d’or.
Adonc Martel est un coup nécessaire.
Couler à fond ce cuistre secrétaire
Qui a juré mettre à sec ton canal
Qu’il soit pendu, ce malheureux Nadal,
Qu’il perde honneur, son seigneur et son maître,
À qui Dieu veuille inspirer plus juste être.
- 1Sur le duc d’Osmont, premier gentilhomme de la Chambre et la Martel, comédienne, sa maîtresse
NAF.9184, p.404