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Mme la duchesse de Brancas douairière

Mme la duchesse de Brancas douairière1

On ne parle dans tout Paris

Que de votre aventure ;

La moitié du monde surpris

La traitait d’imposture

Par cette vilaine action

Hélas ! qu’est devenue

Cette considération

Et si bien obtenue.

 

A Sandouan succédaPierrot

Dès votre plus jeune âge ;

Vous y joignîtes la Chabot,

L’idée est fine et sage ;

Par là le public dérouté

Quand vous devîntes veuve

Admira votre vanité

De vous donner pour neuve.

 

Un air prude, un souris moqueur

Qu’on donnait pour finesse

Avaient subjugué Des Alleurs,

Trompé par votre adresse ;

Si son respect jusqu’à ce jour 

Égala sa tendresse,

Le mépris va suivre l’amour

Et venger sa faiblesse.

 

Vous auriez su tirer parti

De votre humeur sournoise ;

Entre la Ségur et Coigny

Vous faisiez la matoise ;

La malheureuse fait pitié

Car tout autre à sa place

Eût longtemps pris pour amitié

 La noirceur et l’audace.

 

D’un mariage scandaleux

La coupable indécence

Du tabouret frustra vos vœux

Malgré votre naissance ;

Qui pourrait encore vous souffrir,

Catin, perfide amie ;

Il ne vous reste qu’à mourir,

Couverte d’infamie.

  • 1Certains textes du MS F.Fr.15140, notamment les numéros $7759-$7772 traitent, après bien d’autres, quelques épisodes de la guerre de succession d’Autriche, notamment pour les années 1743-45 : éloge patriotique des armées françaises sous la conduite de Louis XV, maladie du Roi à Metz, renvoi de la favorite du moment, la duchesse de Châteauroux. Y figurent également deux têtes de turc, le maréchal de Noailles dont on ne cesse de moquer l’incompétence voire la lâcheté ; et le général des armées ennemies, Charles de Lorraine, également incompétent et de plus ivrogne. Ces textes ont deux caractéristiques, dont la seconde dépend de la première : ils sont visiblement le fait d’une même plume, d’une rare maladresse, et souvent d’une parfaite incohérence. De ce fait, on ne les retrouve nulle part ailleurs, les recueils postérieurs ne s’étant pas souciés de reprendre des poèmes d’une aussi totale médiocrité.

Numéro
$7762


Année
1743




Références

F.Fr.15140, p.193-95