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Les Regrets de madame de Prie

Les regrets de Madame de Prie1
Du noir Styx j’ai passé l’onde,
Il n’est plus d’espoir de retour,
Mon exil est dans l’autre monde,
Je ne reverrai plus le jour.
En esclave de la fortune,
Malgré sa lenteur importune,
Je la forçai de m’obéir.
Hélas ! que j’étais malheureuse
D’être à ses yeux officieuse,
Sous le vain espoir d’en jouir !
Que l’on est fortuné lorsque l’on s’en délivre !
Qui n’a pas le temps de bien vivre
Trouve mal aisément celui de bien mourir.
J’étais dans cette erreur mortelle,
Quand la faveur me parut belle.
Jamais un temps si court ne fit un sort si beau.
Jamais fortune aussi ne fut si tôt détruite.
Ah ! que la distance est petite
Du faîte des grandeurs à l’horreur du tombeau2 .

  • 1Autre titre: Prosopopée sur la mort de Mme la marquise de Prie en 1727 (Clairambault)
  • 2Les quatre derniers vers ont été empruntés à une épitaphe de Mme de Fontanges. (R)

Numéro
$0641


Année
1727




Références

Raunié, V,131-32 - Clairambault, F.Fr.12699, p.393-94 - Maurepas, F.Fr.12631, p.407