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L'Accident de Saint-Sulpice

L’accident de Saint-Sulpice1
La bonne dame de Saint-Sulpice,
Sans penser aucune malice,
Étant seule et mettant son fard,
Le feu prit à sa cheminée.
Cet accident me surprend, car
Elle était souvent ramonée2 .

 

Un soir l’aimable Saint-Sulpice
Qui ne pensait point à malice
Se chauffait en mettant son fard
Le feu prit à sa cheminée
Je m’en étonne très fort car
Elle était de frais ramonée. (F.Fr.12673, Arsenal 2930, BHVP)

 

La pauvre dame Saint-Sulpice

Seule et sans penser à malice

Se chauffait et mettait son fard.

Le feu prit à sa cheminée.

Le monde s'en étonne, car

Elle avait été ramonée. (Marais)

 

  • 1La dame de Saint‑Sulpice, fille de M. Ragot de La Coudraie, intendant de M. de Pontchartrain, contrôleur général, et veuve de Véret de Saint‑Sulpice, commissaire général de la marine, en débauche, et servant de jouet à de jeunes seigneurs, M. le comte de Charolais coula de la poudre sur elle et sous son siège, mit le feu à la traînée qui gagna les parties secrètes, et la brûla de telle sorte qu’elle en a été très incommodée pendant longtemps, jusqu’au point que l’on a cru qu’elle en mourrait. Cette aventure donna lieu à cette chanson. (M.) — Si la version donnée par Barbier et par Madame concorde avec cette assertion, celle de Mathieu Marais en diffère notablement : « Etant debout près du feu, dit‑il, un pied sur un chenet, son panier poussa sa jupe dans le feu sans qu’elle s’en aperçût d’abord. Le feu ayant pris à la jupe et au panier, elle vint retrouver la compagnie qui fut fort étonnée de la trouver en cet état, toute brûlante ; on ne savait comment la secourir. Cette ridicule et triste aventure a donné à causer à tout Paris. » Mais il est probable que Marais, par indulgence pour la dame, dont il était le conseil et l’ami, a voulu dissimuler la véritable cause de l’accident.
  • 2 Mme de Saint‑Sulpice essaya, elle‑même, de donner le change à l’opinion publique. Lorsqu’elle fut retournée dans le monde, après sa guérison, Mme de Chabannes lui dit un jour qu’on lui avait fait une bien mauvaise plaisanterie de la brûler ; elle répondit : « Il n’y a ni bonne ni mauvaise plaisanterie, c’est mon étourderie qui en est cause. » Mais elle ne trompa personne ; on savait à quoi s’en tenir sur son compte. Barbier écrit à ce propos : « Mme de Saint-Sulpice est une jolie femme et coquette qui a l’imprudence de souper avec des princes du sang et qui souffre d’eux de mauvaises scènes quand ils sont ivres. Il y a quelque temps que le comte de Charolais la déshabilla toute nue (elle était ivre‑morte) ; ils l’emmaillotèrent dans une nappe avec des serviettes comme un enfant, et ils la ramenèrent ainsi dans un carrosse à sa porte. » (R)

Numéro
$0431


Année
1721




Références

Raunié, IV,1-2 - Clairambault, F.Fr.12698, p.1 - Maurepas, F.Fr.12630, p.324 - F.Fr.12673, p.443 - F.Fr.13655, p.191 - F.Fr.15131, p.406 - F.Fr.15141, p.115 - Arsenal 2930, p.434 - Arsenal 3115, f°229v -BHVP, MS 547, (non numéroté) -  BHVP, MS 580, f°67r - Mazarine MS 2166, p.237 (variantes)


Notes

 $431, $432 et $433 forment un ensemble.