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Dom Raymond

Dom Raymond1
Vardes, Morel, Candale2 en la plaine élysée
Parlaient de leur parure et de leur propreté,
Doutant insolemment si la Mode épuisée
Pourrait les égaler dans la postérité.

Bourgeois, dit-elle alors d'un accent irrité,
Qui croyez qu'en habits ma science est usée,
Je vous ferai bien voir par quelque nouveauté,
Qu'auprès, gens du bel air, vous n'êtes que risée.

Elle acheva ces mots, et d'un vrai petit-maître,
L'assortiment complet voulut faire paraître ;
Aux efforts qu'elle fit Galepin accourut.

Velours rouges et noirs ensemble se cousirent
Le bas pourpre brilla, les Candales pâlirent !
Et dom Raymond parut.

  • 1Autre titre: Sonnet sur M. Raymond, introducteur des ambassadeurs (Arsenal 3132) - Sur M. Raymond, dit le Diable, fils du fermier général que l’on appelle Raymond, à l’occasion d’un habit singulier qu’il s’était fait faire au commencement de 1719. C’était un justaucorps de velours noir, doublé de velours couleur de feu, des bas de soie couleur de pourpre, avec des coins d’argent. (M.) « C’était, dit Saint‑Simon, un petit homme qui n’était pas achevé de faire, et comme un biscuit manqué, un gros nez, de gros yeux ronds sortants, de gros vilains traits, et une voix enrouée comme un homme réveillé en pleine nuit en sursaut. Il avait beaucoup d’esprit, il avait aussi de la lecture et des lettres et faisait des vers. Il avait encore plus d’effronterie, d’opinion de soi et de mépris des autres. Il se flattait de tout savoir, prose, poème, philosophie, histoire, même galanterie ; ce qui lui procura force aventures ridicules et brocards. Ce qu’il sut le mieux, fut de tâcher de faire fortune, par quoi tous les moyens lui furent bons. » Il devint introducteur des ambassadeurs. (R)
  • 2Ces courtisans furent célèbres sous Louis XIV par leur élégance, et le duc de Candale « était l’homme de la cour qui se mettait le mieux, et même il inventa des manières. » (R)

Numéro
$0329


Année
1719




Références

Raunié, III,116-17 - Clairambault, F.Fr.12697, p.190 - Maurepas, F.Fr.12630, p.7 - Arsenal 2961, p.527-28 - Arsenal 3132, p.409


Notes

Parodie du N°328