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Les Auteurs de l’édit des rentes

Les auteurs de l’édit des rentes
Les Pâris étaient des filous,
Messieurs, on vous l’accorde,
Mais le Des Forts est entre nous
Plus digne de la corde ;
Très dur, très vain, très ignorant,
En un mot l’on ajoute
Qu’il prend soin du gouvernement
En faisant banqueroute.

Pour garder Des Forts contrôleur
Faut-il ruiner la ville ?
Fleury, déplacez ce voleur,
Vous êtes trop facile ;
Ou le Visa dont tout le monde
Encore se lamente
Sera regardé comme bon
Près de l’édit des rentes1 .

Sardanapale maréchal2 ,
Dieu de la maltôte,
C’est donc sur ton avis banal
Que ma rente l’on m’ôte ?
De deux sodomistes pareils
Le destin me soulève :
Fautil voir d’Huxelles aux conseils
Et Deschauffours en Grève3 !

Par toi le nom français flétri,
Rendit Hoschtedt insigne,
Général couvert de mépris4 ,
Ministre plus indigne.
Ainsi, dans les conseils du roi,
Les avis que tu donnes
De manquer au public de foi,
Ne surprennent personne.

Pour toi, fanfaron de Villars,
Que barbouilla de gloire
Un des plus fortunés hasards
Et jeux de la victoire,
Ton bonheur ne t’exempte pas
De cette ignominie
Qui suit l’avare à chaque pas
Et qui ternit ta vie.

  • 1« L’édit de la réduction des rentes viagères et l’arrêt portant réduction des charges employées dans les États du roi ont mis la consternation dans toutes les familles. » (Correspondance de Marais) (R)
  • 2Le maréchal Du Blé d’Huxelles. (M.) — Quelques lignes de Saint‑Simon expliquent et justifient les attaques du chansonnier contre le maréchal. Il était, dit‑il « paresseux, voluptueux à l’excès, en toutes sortes de commodités, de chère exquise, grande, journalière, en choix de compagnie, en débauches grecques dont il ne prenait pas la peine de se cacher, et accrochait de jeunes officiers qu’il adomestiquait, outre de jeunes valets très bien faits, et cela sans voile, à l’armée et à Strasbourg. » (R)
  • 3 Il fut brûlé par jugement des commissaires du conseil du 24 mai 1726, pour crime de sodomie. (M.) (R)
  • 4Ce couplet vise Tallard, le vaincu de Hochstedt (R)

Numéro
$0637


Année
1727




Références

Raunié, V,109-11 - Clairambault, F.Fr.12699, p.417-18 - Maurepas, F.Fr.12631, p.400-01 - Arsenal 2937, f°424r-424v  - Arsenal 2962, p.332-34 - Arsenal 3133, p.60-61 - Stromates, I, 391-92


Notes

Chanson sur l’édit du Roi du mois de novembre 1726, portant réduction des rentes viagères sur l’Hôtel de ville, créées depuis 1720 (Stromates)