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Le Pater noster de la France,

Le Pater noster de la France, 

sur le différend avec le pape.

Grand pontife, quoique ton zèle

Soit contraint par tous les Français,

Néanmoins d’un aveu fidèle

Nous te nommons tous d’une voix

Pater noster

 

Nous reconnaissons ta puissance

En fait de la religion,

Mais au temporel de la France

Souffre que nous te demandions

Qui es

 

Sur ceci, notre loi suprême

Et notre jugement parfait

Est que notre roi sur soi-même

Ne connaît que celui qui est

In coelo

 

Voyant donc que les franchises

Pour choquer notre ambassadeur

Tu prends les armes de l’Église

Nous disons pour toi de bon cœur

Sacrificetur

 

Mais ce n’est pas Innocent même,

Nos ennemis, esprits malins,

Grand pape, en ta vieillesse extrême

Font servir à leur noirs desseins

Nomen tuum

 

En appuyant leurs entreprises

D’un faux titre qui les rend si fiers,

Ils veulent qu’à ta seule Église

Le royaume du monde entier

Adveniat

 

Pourquoi, toi-même si facile,

Avale un poison si mortel,

Ne vois-tu pas que l’Évangile

Attache au seul spirituel

Regnum tuum

 

C’est notre croyance invincible

De ne pas au monde chrétien

Dire d’une bouche infaillible

Quoiqu’en dise l’Italien

Fiat

 

Ta seule voix est inutile

Sur les matières de la foi ;

Ce n’est qu’en celle d’un concile

Que nous reconnaissons pour loi

Voluntas tua

 

Tu sais bien, grand pontife,

L’ange voulut trop s’élever

Si tu veux être plus grand qu’un…

Prends garde qu’il peut arriver

Sicut in coelo

 

Cette croyance est notre crime,

Rome nous recevrait soudain

Si nous voulions bien pour maxime

Croire le pape souverain

Et in terra

 

Mais voyant comme elle en abuse

Nous n’aurons jamais cette loi,

Quand des franchises ont refusé

Au ministre de notre Roi

Panem nostrum quotidianum

 

Nous n’en avons pas fait de même ;

Elle en a pris sa pleine main

Lorsque dans sa misère extrême

Elle a dit à notre souverain

Da nobis hodie

 

Louis, ce traitement sévère

Anime ton ressentiment

Mais l’Église, ta bonne mère,

Te dit : arrête, mon enfant,

Et dimitte

 

C’est pourtant une grande peine

De te voir violer tes droits,

Rome, si tu es souveraine,

Souviens-toi que tu le dois

Nobis

 

Les vaillant soldats de la France

Ont fait pour toi de grands exploits

Et pour élever ta puissance

Ils ont augmenté mille fois

Debita nostra

 

Quelle autre nation ardente

A soutenu tes intérêts ?

Pour te voir riche eet triomphante

A quitté le sein de la paix ?

Sicut et nos

 

Qu’est-ce pour nous qu’on t’a vu faire,

Quand tu vois notre ambassadeur,

Tu méconnais son caractère

Et dit d’un ton plein de froideur

Dimittimus

 

Tu veux que la France abandonne

La franchise, ce droit ancien,

Quoi, sur le droit de la couronne

Faudrait-il céder notre bien

Debitoribus nostris

 

Puisqu’on pourrait sans sacrilège

Te demander ces biens donnés

Laisse du moins les privilèges

Que nous nous sommes réservés

Et ne nos inducas

 

Grand pontife plein de sagesse,

Bannis ces lâches courtisans

Et prends garde que par adresse

Tu ne tombes en tes vieux ans

In tentationem

 

Mais c’est à toi, Dieu de justice,

À qu s’adressent nos souhaits,

Ne souffre pas que la malice

Puisse accomplir ses noirs projets

Sed libera nos a malo

Numéro
$7302


Année
1684




Références

NAF.9184, p.17-21 - BHVP, MS 639, p.45-52


Notes

A popos de la Déclaration des quatre articles