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Vers sur le chevalier de Prilly…

Grand chevalier de nom, Prilly1 , ta bonne mine
Gémit dans le fond d’un cachot
Et doit bientôt sur l’échafaud
Finir, dit-on, sa belle vie.
Souffriras-tu qu’on la traîne à la mort,
Elle, digne d’un plus beau sort ?
Va la ravir à l’injustice
Où la livre un sénat guidé par le caprice ;
Va, et puisqu’à la cour on ne veut pas de toi
À la garde de notre Roi,
Tu n’as rien de meilleur à faire :
Fais-toi garde du corps de ta chère Cadière.
Il part, et déjà Limogeon
Qui rampe au plus bas du vallon
Brûle de célébrer l’héroïque aventure
Du chevalier aventureux ;
Il le fera, je vous le jure ;
Mais par malheur pour tous les deux,
Limogeon ne sait plus que braire
Depuis que pour certaine affaire
Il ne voit plus ses anciens correcteurs
Qui de Clovis furent les vrais auteurs ;
Réduit au feu mourant de son fade génie,
S’il parle, l’on languit ;on meurt s’il versifie.
N’importe, il trouvera quelques approbateurs.
J’en aperçois d’abord un duo d’importance ;
Ce sont hommes de conséquence,
Tous deux de Limogeon les seuls admirateurs,
Le jeune Hugues, et des Henriques,
Avec pompe feront l’ample panégyrique
Du plat poète et du faux chevalier,
En son vrai nom Cadet Monier.
À tels prôneurs ne vous fiez beaucoup ;
Ce sont gens aguerris à faire un mauvais coup.
Vit-on jamais telle inconstance ?
Manquer de bonne foi, ce n’est pour eux qu’un jeu ;
S’ils en ont manqué depuis peu,
L’on sait avec quelle impudence,
L’un aux hommes, l’autre à Dieu.

Envoi
Petit geai paré d’un grand nom         Prilly
Du Parnasse vil avorton                   Limogeon
Homme orgueilleux dans sa misère,  Hugues
Apostat d’une vie austère,               Des Henriques
Double duo de gens sans cœur,
En vous rangeant pour la Cadière,
Vous la faites quitter de tous les gens d’honneur.

  • 1Vers sur le chevalier de Prilly, ci-devant cadet Monier, refusé aux gardes du corps du Roi ; sur Limogeon, poète abâtardi depuis sa brouillerie avec les jésuites ; sur le sieur Hugues, marchand banqueroutier ; sur le Sieur des Henriques, ancien pénitent du père Le Comte Jésuite et dévôt de profession ; pour le présent tous quatre grands partisans de la Cadière (M.).

Numéro
$3107


Année
1732




Références

Turin, p.369-71


Notes

Réponse en $3108