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La Politique européenne

Le général de Konigseck1
Ce rare et grand génie,
Qui toujours mena par le bec
Les Francs en Italie,
Les en a chassés, ce diton,
La faridondaine, la faridondon,
Leur a fait quitter le pays, biribi,
A la facon de Barbari, mon ami.

Les Italiens sont tous joyeux
De voir chez eux accroître,
Le règne doux et gracieux
De l’Empereur leur maître,
Qui sans aucune extorsion,
Ne cherche qu’à les enrichir.

Aussi dit-on que l’Empereur,
Charmé de tant de gloire,
Voudrait aussi se faire honneur
D’une telle victoire,
Morbleu, ce n’est pas sans raison !
Depuis peu tout lui réussit.

C’est à ce coup que Stanislas
Et ce peuple rebelle,
Qui trouvait en lui tant d’appas
Vont en avoir dans l’aile ;
Bientôt ils verront le Saxon
Pour toujours au trône affermi.

Sans dire comment ni pourquoi
Chacun dans Varsovie,
Lorsqu’il s’agit de faire un roi
Ne suit que sa manie,
Pour l’Empereur c’est un affront,
Car tout lui doit être soumis.

Aussi le peuple polonais
Plutôt qu’une cigogne,
Va se repentir désormais
D’une telle besogne,
On lui va mettre un caveçon
Et pour toujours l’assujettir.

Les Russes, fiers de leurs hauts faits,
N’ont plus rien à combattre,
A moins que le roi qu’ils ont fait
Ils ne veuillent abattre ;
Mais c’est un rude compagnon
Qui se les tient tous asservis.

On prétend que les Suédois
Veulent entrer en danse,
Et bientôt soutenir les droits
De l’orgueilleuse France,
Mais ils comptent sans les Saxons
Qui les ont toujours déconfits.

Les Russes enfin ces matois,
Que le seul honneur mène,
Vont-ils pas chausser leurs chamois
Pour les attendre en plaine ?
Ah ! vraiment ils les attendront
Et leur feront voir du pays.

Sitôt qu’ils auront des Suédois
Fait une marmelade,
Ils s’en iront tous à la fois
Trouver leurs camarades,
Qui du côté du Rhin s’en vont
Et peut-être jusqu’à Paris.

Hélas ! on verra les Français
Faire dans leurs brayettes,
Sitôt que les soldats adroits
Dégaineront leurs brettes ;
Déjà les Russes sur ce ton
Chantent Veni, vidi, vici.

Que va faire le grand Bourbon,
Si fier de sa puissance,
Il faut qu’il rabaisse d’un ton
Sa vaine outrecuidance,
Et qu’il rappelle sans façon,
La faridondaine, la faridondon,
Son cher beau-père auprès de lui, biribi,
A la façon de Barbari, mon ami.

  • 1Chanson envoyée de Kœnigsberg, en août 1735. (M.) (R)

Numéro
$0820


Année
1735




Références

Raunié, VI,119-22 - Clairambault, F.Fr.12705, p.303-06 -Maurepas, F.Fr.12633, p.375-79 -  F.Fr.15147, p.140-48 - BHVP, MS 659, p.277-79