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Les Revenants

Les revenants1
En vain la noire calomnie
Accuse d'aristocratie
Les Parlements,
Tandis que notre monarchie
Doit son salut à l'énergie
Des revenants.

Par tes vertus, par ton courage,
Modèle de l'aréopage
Depuis longtemps,
De Saint-Vincent, ton héroïsme
Enflamma le patriotisme
Des revenants.

Un arrèté solide et sage
A concilié sans partage
Les sentiments :
D'Espresmenil, c'est ton  ouvrage ;
Mais tu veux qu'on en rende hommage
Aux revenants.

Tu consacrais à la patrie
Tes soins, tes libertés, ta vie
Depuis vingt ans ;
Ton exil ajoute à ta gloire
Et ton rappel à la victoire
Des revenants.

De tes aïeux montrant le zèle,
Comme eux, Goislard, tu fus fidèle
A tes serments ;
Encore à la fleur de ton âge,
Tu confirmes l'heureux présage
Des revenants.


Et vous, dont la docte éloquence
Justifia la résistance
Des Parlements,
Partagez la reconnaissance
Qu'offre en ce jour toute la France
Aux revenants.

  • 1Dans sa séance du 5 décembre, le Parlement délibérant, toutes chambres assemblées, sur la situation actuelle de la nation, arrêta qu’il y avait lieu de présenter au Roi de très humbles et très respectueuses supplications pour l’inviter à convoquer les États généraux, selon les formes aristocratiques qui avaient présidé à ceux de 1614. Cette décision lui fit perdre en un instant toute sa popularité et d’Esprémenil, auquel on attribuait la rédaction de l’arrêt, se vit en. butte aux plus amères railleries. « Pour adoucir les inquiétudes et les angoisses des magistrats, notait Hardy, quelques citoyens du nombre de ceux qui se montraient attachés à l’ancienne constitution de la monarchie avaient composé et faisaient circuler tout imprimée la chanson que l’on va lire. » (R)

Numéro
$1604


Année
1788




Références

Raunié, X,311-13