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Critique sur la tragédie de Catilina par M. Crébillon

Critique sur la tragédie de Catilina par M. Crébillon

Qu’est devenu le goût, et quelle est la manie

De prendre pour l’effort d’un sublime génie

Une pièce où l’on voit dans le même moment

Passer du plus fol rire à l’applaudissement.

Du public prévenu est-ce sa décadence

Qui lui fait du phoebus admirer l’élégance

Et prendre d’un proscrit les insolents propos

Pour les traits décidés qui peignent les héros ?

Non, ces mots fastueux qu’il se flatte d’entendre

Ne remplaceront pas l’intérêt vif et tendre

Dont on ne vit jamais s’écarter un auteur

Qui voulut remplir l’âme en captivant le cœur.

De cet aveuglement, que diraient les Corneilles,

S’ils voyaient que les fruits de leurs savantes veilles

N’ont pu nous garantir de ces vaines erreurs

Et que, chanté par nous et couronné de fleurs,

Sans honte à leur côté au Temple de Mémoire

Ils vous vissent placer une méchante histoire

Qui de Catilina signalant les fureurs

Ne peut que flétrir l’âme et corrompre le cœur.

Numéro
$7422


Année
1749




Références

Clairambault, F.Fr.12719, p.35 - F.Fr.10478, f°286r - F.Fr.15153, p.1-2