Complainte de deux colonels qui ont perdu leurs équipages
Complainte de deux colonels qui ont perdu leurs équipages1
Sur l’air : l’amour me fait la peinture
Joignons nos tristes ramages
Pour pleurer une chanson ;
Plaignons nos désavantages ;
Nous avions des équipages,
Nous n’avons pas un chausson.
Sur l’air : Écoutez, petits et grands,
Moi, je regrette un palefroi
Qui ne connut jamais l’effroi.
C’était un coursier pour la guerre,
Ma foi, comme l’on n’en voit guère,
Car chaque fois qu’on se battait,
Il hennissait, ruait, mordait.
Sur l’air : Turelurette
Moi, j’avais un beau fourgon,
Traîné par maint étalon,
Portant cuillère et fourchette,
Turelurette,
Sur l’air : Je suis un bon soldat
Je conseille à celui qui l’a pris
D’y mettre des roues neuves,
Car celles qu’il avait
Avaient fait
De trop rudes épreuves.
Sur l’air : Laire la
J’avais un très joli bardeau
Portant toujours le verbe haut
Et se montrant tout prêt à faire
Laire la
Air précédent
Il était par trop indécent,
Car il marchait si galamment
Qu’il faisait rougir les commères,
Laire la
Sur l’air : Pour la baronne
Mon nécessaire,
Sans toi je n’eus pas un pas ;
L’ennemi ne l’usera guère,
Car il m’apprend que tu n’es pas
Fort nécessaire.
Sur l’air : Tous les capucins du monde
Notre major, de la Garonne,
Dit : l’aventure n’est pas bonne ;
Ils m’ont donné une leçon,
Mon butin a suivi le vôtre.
Sandis, qu’ils gardent ce qu’ils ont
Car ils n’en prendront pas d’autre.
Sur l’air : Et autre chose itou là, mère Guillemette
Enfin, vaille que vaille,
Tout est bien quand on boit ;
En couchant sur la paille
Nous aurons le cœur doit
Et autre chose itou,
Que je n’ose vous dire,
Et autre chose itou,
Je n’ose dire tout.
- 1Complainte de deux colonels qui ont perdu leurs équipages sur le Weser, comme il est dit dans la Gazette de Cologne du 8 mars 1758
F.Fr.15142, p.52-55