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Epître de M. de Voltaire à un ami

Stances à Monsieur Saurin

Il est vrai, je suis capucin1 ,
C’est sur quoi mon salut se fonde.
Je ne veux pas, dans mon déclin,
Finir comme les gens du monde.
Mon malheur est de n’avoir plus
Dans mes nuits ces bonnes fortunes,
Ces nobles grâces des élus,
Chez mes confrères si communes.
Je ne suis point frère Frapart,
Confessant sœur Luce ou sœur Nice ;
Je ne porte pont le cilice
De saint Grisel, de saint Billard.
J’achève doucement ma vie :
Je suis prêt à partir demain,
En communiant de la main
Du bon curé de Mélanie.
Dès que monsieur l’abbé Terray
A su ma capucinerie,
De mes biens il m’a délivré :
Que servent-ils dans l’autre vie ?
J’aime fort cet arrangement :
Il est leste et plein de prudence.
Plût à Dieu qu’il en fît autant
À tous les moines de la France !

  • 1 31 mars. Épître de M. de Voltaire, à un ami, sur sa nomination à la dignité de père temporel des Capucins du pays de Gex, et sur la lettre d’affiliation à cet ordre, qui lui a été écrite par le Général (M.).

Numéro
$2275


Année
1770

Auteur
Voltaire



Références

Clairambault, F.Fr.12720, p.358 - F.Fr.13651, p.368-69 - Mémoires secrets, III, 1316-17 - Voltaire, Oeuvres complètes, t.71C, p.427-29 (qui fait l'histoire du poème et de ses reproductions)