Sur un miracle1
A La Fosse disait Bissy :
Vous vivez par miracle,
Heureuse que votre mari
N’y mette aucun obstacle ;
Car j’ai su, par un directeur
Qu’il était janséniste. —
Hélas, dit-elle, Monseigneur,
Il n’est rien qu’ébéniste.
Les députés de Loyola2
Ont dit à cette femme3 :
Votre époux pour ce parti-là
Incline au moins dans l’âme.
Faites-lui faire pour son bien
Acte de moliniste.
Pères, dit-elle, il ne fait rien
Qu’ouvrage d’ébéniste.
- 1. Chanson sur le miracle arrivé le jour de la Fête‑Dieu au faubourg Saint‑Antoine, à Paris, sur la femme d’un ébéniste nommé La Fosse, laquelle était paralytique des jambes et incommodée d’une perte de sang depuis sept ans. (Clairambault) — « Il n’est bruit ici que d’une hémorrhoïsse qui a été guérie d’une perte de sang de treize ans et d’une paralysie de dix‑huit mois, à la procession de sainte Marguerite le jour de la Fête‑Dieu, écrit Marais dans une de ses lettres. Cette femme, pleine de foi, se jette à terre devant le Saint‑Sacrement qui passait elle se releva, suivit la procession à pied, et revint de même, et elle se trouva guérie de tous ses maux ; tout Paris y court. C’est une femme simple, de bon sens, femme d’un ouvrier en cabinets, rue de Charonne, nommé La Fosse. » Le Journal de Barbier fournit d’amples détails sur ce miracle. (Juin 1725.) (R)
- 2. Le second couplet ne se trouve que dans Castries.
- 3. Mme de la Fosse guérie d’une perte de sang à la procession du sacrement de la paroisse de Sainte-Marguerite. (Castries)