Épigramme sur le Régent
De l’État sujet1 inutile2 ,
Plus que feu ton père imbécile3 ,
Plus que ton oncle détesté,
Mauvais donneur de faux breuvage4 ,
Non, tu ne l’as jamais été,
Il faut pour cela du courage5 .

• 1idole inutile (BHVP MS 580)
• 2 Madame, mère du Régent, indique clairement dans une de ses lettres (23 oct. 1718) l’origine des attaques dont son fils était l’objet. « Il est facile de se rendre compte pourquoi mon fils est haï dans toute la France ; la vieille [Mme de Maintenon] et le duc du Maine et sa femme, ainsi que tout le parti espagnol, ont leurs agents qui vont de maison en maison, dépeignant mon fils comme un monstre, comme un empoisonneur, comme un voleur, tandis qu’il est le plus désintéressé des hommes et qu’il ne saurait faire de mal à un animal, mais ils ont leurs raisons pour agir ainsi ; ces choses se voient de tout temps. En attendant, on répand contre lui des écrits atroces, et on l’injurie de la façon la plus mensongère et la plus horrible. » (R)
• 3Le père du Régent, Monsieur, frère de Louis XIV, après avoir pris part aux succès des armées françaises dans les Pays‑Bas et battu le prince d’Orange en 1677, fut écarté des affaires par le roi, auquel ses talents militaires avaient inspiré, dit‑on, quelque jalousie. (R)
• 4Lors de la mort du duc et de la duchesse de Bourgogne, les plus atroces imputations furent dirigées contre Philippe d’Orléans. « Le cri public était affreux, dit Voltaire ; on ne peut s’en faire une idée sans en avoir été témoin. » Lors de la mort du duc de Berry, qui laissait seulement subsister de la famille des Bourbons un enfant en bas âge, ces rumeurs éclatèrent de nouveau, mais avec moins de violence. (R)
• 5On croit cette épigramme d’Arouet, et le sujet de sa prison. (Clairambault) Il est certain qu’elle fut d’abord, avec quelques autres, la cause de l’exil du jeune poète à Tulle d’abord, puis à Sully‑sur‑Loire (5 mai 1716). (R) L'attribution paraît très discutable. Le ton véhément, proche des Philippiques de Lagrange-Chancel, fait plutôt songer aux pamphlets émanés de la cour de Sceaux,