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La disgrâce de Pontchartrain

La disgrâce de Pontchartrain
Est-il vrai ce que l’on dit?
Vraiment, ma commère, oui ;
Que Pontchartrain est par terre1 ?
Vraiment, ma commère, voire.
Vraiment, ma commère, oui.

On dit qu’il est bien marri
De n’avoir plus l’écritoire.

Il était si bon ami,
Il était si débonnaire2 .

On dit qu’il prend le parti
De se faire voir à la foire.

Ce sera bien mieux pour lui,
Que de rester à rien faire.

Estil vrai qu’on prend son fils3  ?
Vraiment, ma commère, oui ;
Vaudra-t-il mieux que son père ?
Vraiment, ma commère, voire.
Vraiment, ma commère, oui.

  • 1« Le duc de Saint‑Simon, qui avait juré la perte de Pontchartrain, détermina M. Ie duc d’Orléans à donner la charge de secrétaire d’État au fils, presque enfant, et à la faire exercer, en attendant l’âge, par La Vrillière, Phelypeaux comme lui, et secrétaire d’État par lui‑même. Cela fut donc exécuté par une lettre du Régent au chancelier Pontchartrain, qui lui faisait valoir cette grande marque de considération personnelle, qui maintenait si singulièrement sa famille, et lui défendait en même temps de lui écrire, encore moins de paraître devant lui auparavant que son fils eût donné sa démission, et que son petit‑fils en fût pourvu à sa place. » (Saint-Simon, Notes sur Dangeau.) (R)
  • 2On trouve dans les chansons beaucoup de contrevérités, c’est‑à‑dire des éloges ou des blâmes appliqués à ceux qui les méritaient le moins. Tel est le cas ici, car personne n’était moins bon ami et moins débonnaire que Pontchartrain. « Il aimait le mal pour le mal, nous dit Saint‑Simon, et prenait un singulier plaisir à en faire du bien. Son commerce était insupportable, et il disait aux gens les choses les plus désagréables avec volupté. Son délice était de tendre des panneaux, et la joie de son cœur de rendre de mauvais offices. » (R)
  • 3Ce fils fut le célèbre comte de Maurepas ; il avait à peine quinze ans alors. Trois années plus tard on l’autorisa à remplir lui‑même les fonctions de sa charge. (R)

Numéro
$0081


Année
1715




Références

Raunié, I,119-20 - Clairambault, F.Fr.12696, p. 26 -  Maurepas, F.Fr.12628, p.19-20