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Sans titre

Qu'ils étaient fous les auteurs du vieux temps1 !
Nous savons mieux dépenser notre vie.
Pour moi, je trouve à nos anciens savants
Un très grand tort ; ils avaient du génie,
Ils inventaient, et cela n'est pas bien.
J'en crois Mercier ; avec lui je soutiens
Qu'un grand ouvrage embarrasse, incommode…
Mais un chapitre… Oh, la bonne méthode !
En voulez-vous ? Lisez, mes bons amis,
Lisez un peu le Tableau de Paris :
Vous y verrez Chapitre des maris,
Et puis encore Chapitre sur les femmes,
Un peu plus loin Chapitre sur les drames,
Tournez la feuille et Chapitres nouveaux
Sur les commis, sur l'or, sur les bureaux.
Eh ! Juste ciel ! que de noms ! que de titres !
En vérité, voilà bien des chapitres…
Quand le bon sens aura-t-il donc le sien ?

  • 128 janvier — Quoique le Tableau de Paris de M. Mercier soit déjà ancien, il ne paraît que depuis peu une épigramme, et peut-être la seule qu'on ait faite au sujet de ce bizarre et ridicule ouvrage. Encore la suppose-t-on traduite du persan de Zenderouth-Chusistan et traduite, ajoute-t-on, par une Demoiselle Émilie âgée de treize ans. Quoi qu'il en soit, comme elle est bonne, malgré sa longueur, on va la rapporter ici, en y restituant les vrais noms pour la rendre plus intelligible aux étrangers (M.).

Numéro
$2610


Année
1787




Références

Mémoires secrets, XXXIV, 92-93 - Choix d'épigrammes, p.205-06