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Épigramme

Sur le buste de l’abbé de Saint-Pierre1
Ces jours passés de l’abbé de Saint-Pierre2
On me montrait un buste tant parfait
Qu’onc ne pus voir si c’était chair ou pierre,
Tant le sculpteur l’avait pris trait pour trait.
Si que restais perplexe et stupéfait,
Craignant toujours de faire une méprise ;
Puis dis soudain : « Non, ce n’est qu’un portrait ;
L’original dirait quelque sottise. »

  • 1Charles‑Irénée Castel, abbé de Saint‑Pierre, publiciste célèbre (1658‑1743) Membre de l’Académie française, il fut exclu de ce corps, sur la proposition du cardinal de Polignac pour avoir préféré, dans sa Polysynodie, l’établissement des conseils de la régence à la manière de gouverner de Louis XIV. Ses nombreux ouvrages, que Dubois appelait avec raison les rêves d’un bon citoyen, étaient pleins de choses impossibles qu’il proposait toujours comme praticables, entre autres son fameux projet de la paix perpétuelle. » Cependant, dit Voltaire, il ne laissa pas d’être utile. Il travailla beaucoup pour délivrer la France de la tyrannie de la taille arbitraire ; il écrivit et il agit en homme d’État sur cette seule matière. « A sa mort, l’Académie se refusa à prononcer son éloge ; » ce refus fut un outrage, et les services que l’abbé de Saint-Pierre avait rendus, sa probité et sa douceur méritaient un autre traitement ». On a voulu attribuer cette épigramme à Voltaire ; mais le jugement que nous venons de citer démontre la fausseté de cette opinion. (R)
  • 2N'a pas longtemps, de l'abbé de Saint-Pierre (Poésies satyriques)

Numéro
$0149


Année
1716 / 1725

Auteur
Voltaire (Poésies satyriques)



Références

Raunié, II,105 - Clairambault, F.Fr. 12695, p.743 -  Maurepas, F.Fr.12628, p.179 - F.Fr.9351, f°250r - F.Fr.12800, p.426 - Arsenal 2935, f°126v - Poésies satyriques, p.8 - Choix d'épigrammes, p.129


Notes

Environ 1725 (Clairambault, F.Fr.12695) - Autre version en $4984