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Le giton de Pézenay

                Le giton de Pézenay

                              Conte

Dans une hôtellerie, un soir, je me présente,

Pour coucher seulement, car je soupe en chemin :

On en digère mieux, le fait est très certain.

Tous les lits sont doublés, me dit une servante,

Hors un qu’occupe seul un gros homme entiché

De je ne sais quel goût. – Je vous entends, mignonne.

Mais, baste, de ce vilain péché

Je ne crois coupable personne.

Montons toujours, je verrai bien,

Mon cœur, ce qu’il en est ; sandis, ne craignez rien.

Je monte donc ; je trouve un homme fort honnête.

Je lui trousse en deux mots ma petite requête.

Il me dit sans façon : Vite, mettez-vous là.

Auprès de lui, bref, couché me voilà.

Rideaux tirés, lumière éteinte,

De chose et d’autre nous jasons ;

Rien de caché qui me put donner crainte.

De concert, pour dormir, tous deux nous nous taisons.

Je sens tâtonner ma chemise.

Je ne dis mot, je crois la licence permise

Et me soulève pour l’aider,

Tant j’ai peur de l’incommoder !

Sa main doucement se glisse sur ma fesse.

Je ne dis mot : de pareils cas

Sont chatouilleux et délicats,

Et d’en juger imprudent qui se presse.

De son V… roide comme un pieu,

Il me farfouille au beau milieu ;

Je ne dis mot : le pauvre sire

Pouvait rêver : le somme est père du délire.

Il me l’enfonce… Oh ! oh ! mais voyons jusqu'au bout :

Le trop de pétulance

Dans les affaires gâte tout.

De soupçonner cependant je commence.

Il remue, il remue… Ouais ! ceci devient fort !

Je ne dis encor mot ; mais pour n’avoir point tort,

Je me remue aussi pour avertir mon homme.

Il va toujours son train… Que le Diable l’assomme !…

Il me mouille… Halte-là, criai-je avec fureur,

     Vous êtes un bougre, Monsieur !

Numéro
$7691





Références

F.Fr.13651, p.426-27